Wimbledon (F) – Harmony Tan: «Elle m’a fait un peu peur»
« Racontez-nous vos sensations…
C’était compliqué au début. Quand le tirage est sorti, tout le monde m’a dit : «Oh, tu joues Serena Williams!» Et du coup, j’ai coupé tous les réseaux sociaux tellement il y avait de messages… Je ne voulais pas me polluer la tête avec ça. J’ai fait de très bons entraînements. Même si j’ai y pensé quand même en me levant ce matin (mardi). Au début du match, je n’y croyais pas trop, je jouais une légende, et sur le central à Wimbledon. Et plus le match avançait, plus j’y croyais. J’ai commencé à me dire: « Peut-être tu peux le faire. » Sans y croire à fond. Mais j’ai gagné et c’est la plus belle victoire de ma carrière. C’est juste incroyable.
Qu’est-ce que ça fait d’être en face d’elle ?
C’est impressionnant. Avant de rentrer sur le court, je la vois à côté de moi, et c’est vrai qu’elle m’a fait un peu peur, car je ne l’avais jamais vue en vrai. Sa carrure, sa prestance… Elle est imposante ! Même à la fin, quand on s’est serré la main, j’ai trouvé que c’était quelqu’un qui m’impressionnait. Mais sur le court, je n’ai pas fait attention à elle. J’ai joué une balle, pas une adversaire.
Vous aviez un plan de jeu bien défini…
Oui, la faire bouger le plus possible, tout en variant les hauteurs sur son coup droit. Et la déstabiliser avec mon jeu qui est assez atypique.
Et le fait de jouer sur le Centre Court ?
Quand je suis rentrée sur le court, c’était une atmosphère très particulière. Je n’avais jamais ressenti ça ailleurs. Le public est assez proche de nous, c’est agréable. Presque mystique. Ça ne m’a pas tendue, car quand le public est assez proche, on n’a pas l’impression que le court est très grand.
Quand vous étiez menée 5-7, 6-1, 3-1, qu’est-ce qui a fait que vous êtes parvenue à vous relancer?
J’ai senti qu’elle aussi commençait à se tendre. Elle passait un peu moins de premières balles. Et je me suis accrochée.
« Jouer à 40 ans, pour une femme, c’est incroyable ! »
Qu’avez-vous ressenti, une fois le match gagné?
Je réalisais, sans vraiment réaliser. J’ai levé les bras, sans être sûre. C’est quand j’ai vu mon box en joie que j’ai compris!
Cette victoire peut-elle agir comme un déclic?
C’est très important, mais ce n’est pas l’objectif d’une carrière. Ce n’est qu’un premier tour de Grand Chelem, il faut aller le plus loin possible.
Vous pensez que vous vous êtes révélée? On vous a vue plus expansive que d’habitude…
C’est vrai que je me suis beaucoup exprimée par rapport à mon caractère. Normalement, je ne m’exprime jamais. C’est l’ambiance, tout ça m’a poussé. Même si le public a soutenu Serena, ça ne m’a pas perturbée. Quand je joue, je suis énormément dans ma bulle, je regarde les gens dans ma box.
Vous vous attendiez à quelle Serena?
En tout cas, je l’ai sentie assez nerveuse au début. Et plus le match avançait, mieux elle se sentait. Mais elle était fatiguée à la fin. Franchement, même si elle n’a pas joué de match depuis un an, elle joue très bien quand même. Jouer à 40 ans, pour une femme, c’est incroyable ! Je l’admire. C’est une icône du tennis féminin. Ce n’était pas une idole. Plus jeune, j’admirais plus Justine Henin ou Li Na. Mon idole, c’était Barty, mais elle a arrêté.
Le gazon a l’air de vous plaire ?
C’est ma première saison sur herbe. Je trouve ça super agréable. Je ne savais pas que je pouvais bien jouer dessus!»
