France – Suisse : les notes du match

Les choses sérieuses commençaient ce soir. Face à la Suisse, les Bleus devaient gagner pour rejoindre l’Espagne en quarts de finale de la compétition. Un duel pour lequel Didier Deschamps misait notamment sur un système à trois défenseurs. Varane, Lenglet et Kimpembe composaient ainsi la charnière, avec Pavard et Rabiot en pistons ! Le reste, c’était plutôt classique, alors qu’en face, Vladimir Petković alignait un dispositif similaire, avec un trio Shaqiri-Seferovic-Embolo devant. Et la rencontre démarrait bien mal pour les champions du Monde.

Au quart d’heure de jeu, Zuber mettait un bon ballon au point de penalty. Seferovic était là pour battre Lenglet et placer une tête, que Lloris n’a pas pu détourner (0-1, 15e). Visiblement mal à l’aise dans ce dispositif, l’Equipe de France peinait à réagir, et ne créait tout simplement aucun danger. La Suisse était de son côté sereine, solide derrière, et capable de créer du danger, via un Embolo en mode poison devant. Au retour des vestiaires, Didier Deschamps changeait tout. Passage en 4-4-2 et entrée en jeu de Kingsley Coman en lieu et place de Clément Lenglet.

Mbappé, symbole de cet échec

Ce qui n’empêchait pas aux Suisse d’être à deux doigts de doubler la mise, mais Varane sortait une intervention décisive devant Seferovic (50e). Les choses n’allaient pas s’arranger, puisque Pavard taclait Zuber dans la surface, et l’arbitre indiquait le point de penalty. Heureusement, Hugo Lloris sortait une sacrée parade pour empêcher Ricardo Rodriguez de faire le break (54e). Le déclic ? Dans la foulée, Karim Benzema égalisait suite à un service de Mbappé après s’être bien emmené le ballon (1-1, 57e) ! Et ce n’était pas fini, puisque le Madrilène s’offrait un doublé dans la foulée, de la tête (2-1, 59e). Sonnée, la Suisse peinait à réagir, et Paul Pogba faisait le break. Le Red Devil expédiait une frappasse en pleine lucarne opposée, imparable pour Sommer (3-1, 75e). De quoi assurer une fin de match tranquille ?

Pas forcément, puisque Seferovic signait lui aussi un doublé sur ce centre de Mbabu, de la tête, battant Varane cette fois (3-2, 81e). En confiance, Gavranovic était trouvé par Xhaka, mystifiait Kimpembe et plaçait une frappe parfaite depuis l’entrée de la surface (3-3, 90e+1). Malheureux, Coman touchait la barre (90e+4) ! Place aux prolongations donc, où Sommer empêchait Pavard de signer le quatrième but tricolore d’une superbe main (4-3, 95e). Mais le rythme était assez faible, et devant, Kylian Mbappé par exemple n’était clairement pas dans un bon jour, loupant quelques situations intéressantes. Place aux tirs au but donc, et à ce jeu là, c’est la Suisse qui l’a emporté, inscrivant ses cinq tentatives alors que Mbappé a raté la dernière des Bleus ! Les Suisses défieront donc l’Espagne vendredi à 18h en quarts !

Revivez le film de la rencontre avec nous.

Le tableau final de l’Euro.

L’homme du match : Xhaka (7,5) : premier fer de relance de cette équipe helvète (102 ballons touchés, 8 ballons perdus seulement), le capitaine de la Suisse a joué un rôle extrêmement précieux dans la transition. Techniquement, il a montré toutes les qualités que lui connaissent les supporters d’Arsenal ou encore ceux du Borussia Mönchengladbach (92% de passes réussies). Il a fait le ménage dans sa surface quand ses partenaires en avaient besoin. L’ancien capitaine des Gunners s’est aussi mué en passeur décisif sur le but du 3-3 de Gavranovic (90e), venant récompenser son activité importante dans ce match. Averti pour contestation auprès de l’arbitre après le but de Pogba (76e). En véritable meneur d’hommes, il a parfaitement tenu son rôle.

France :

Lloris (6) : le capitaine a vécu une première période terrible de frustration pour un gardien. Il n’a rien eu à faire mais ne peut rien faire non plus sur la tête décisive de Seferovic (15e). D’abord sauvé par la maladresse des Suisses (50e), il réalise l’intervention du match en repoussant en deux temps le penalty de Rodriguez (55e). Un immense sauvetage qui a empêché les Bleus de couler. Il est ensuite fusillé à bout portant par Seferovic (80e), puis battu au ras de son poteau par Gavranovic (90e).

Varane (4) : parfois en difficultés face à la vitesse, aux courses et au physique d’Embolo (8e, 41e), il a connu des problèmes de placement dans cette défense à trois, se retrouvant régulièrement obligé de combler les espaces laissés dans le dos de Pavard. Dominateur dans le jeu aérien et dans les deux surfaces, il a donné de la voix dans une défense très fébrile. Son intervention devant Seferovic a sauvé les Bleus (50e) mais il est aussi battu par le buteur de la Nati (80e). Averti (30e).

Lenglet (2,5) : pour son premier match de l’Euro, le Barcelonais avait de quoi inquiéter par son manque de rythme. Malgré des premières interventions rassurantes, il est complètement mangé par Seferovic sur l’ouverture du score (15e) où il semble perdu. C’est sa grosse erreur du match car elle coûte cher. Il n’a pas vraiment eu le temps de se mettre dans le rythme d’une défense à 4 puisqu’il a été remplacé à la pause par Coman (46e – note 5,5), qui a pris place dans un 4-2-3-1. Aligné côté gauche, il a d’abord eu du mal à rentrer dans le match avant de lâcher les chevaux (59e). Sa frappe sur la barre dans le temps additionnel (90e+4) aurait pu permettre aux Bleus d’éviter les prolongations. Il aurait tout de même pu être plus bagarreur sur le second but suisse (80e). Il a terminé diminué durant ces 30 minutes supplémentaires, alors que son accélération pour Pavard a fait des dégâts (95e). Blessé et remplacé par Thuram (111e), auteur d’un joli numéro sur le côté gauche (113e).

Kimpembe (4) : après s’être tordu la cheville dès le début de rencontre, le Parisien a semblé souffrir, boitillant par moment. Il manque un peu sa première intervention (4e) mais est parvenu à redresser la barre par sa pugnacité. Replacé latéral gauche après la demi-heure de jeu, il a souffert par moment comme dans ce duel avec Embolo (45e+2), avant de revenir dans l’axe de la défense en seconde période. Plus serein, il a remporté la plupart de ses duels avant de connaître un gros trou en fin de rencontre sur cette percée plein axe de Gavranovic (90e).

Pavard (2,5) : de retour dans le onze de départ après un passage par le banc contre le Portugal, le latéral droit évoluait cette fois un cran plus haut et il a semblé en perte de repères. Sans aucun apport offensif et en manque d’autorité sur certains duels, il a laissé les Suisses combiner sur son côté. Il est d’ailleurs beaucoup trop loin sur le centre décisif de Zuber (15e). Même dans une défense à 4, le Munichois n’était pas dans son assiette. Il concède d’ailleurs un penalty logique (54e). Averti en prolongations (91e), il est tout proche de marquer sur ce centre de Coman (95e).

Pogba (6,5) : au milieu, les Français ont souvent donné l’impression d’être un de moins. C’est donc logiquement qu’il a commis quelques fautes à retardement. Toujours performant dans le jeu long, en témoigne ses ballons vers Mbappé (21e) ou Benzema (40e), il a tout de même trop tardé à distribuer le jeu, par manque de solutions souvent. En seconde période, il a semblé exercer un peu plus gros pressing et affiché une meilleure maîtrise technique. Il est d’ailleurs à l’origine d’une balle de but pour Mbappé (56e) et sur la récupération sur le second but français (59e), avant d’envoyer la frappe du match dans la lucarne de Sommer (75e). Mauvais point, il fait montre de suffisance en perdant un ballon facile, et offre un dernier contre fatal aux Suisses (90e). Sa passe pour Mbappé aurait pu être décisive également (110e).

Kanté (5,5) : le meilleur joueur de Chelsea a vécu une première compliquée. En retard dans le pressing, il a perdu plus de duels que d’habitude et a pris moins de risque dans le jeu, malgré une certaine précision. Il a haussé le ton en seconde période, asphyxiant ses adversaires, comme lors de la récupération sur le premier but de Benzema (57e), ou devant sa propre surface dans les pieds de Shaqiri (65e).

Rabiot (3,5) : titulaire dans le couloir gauche dans un rôle de piston, le joueur de la Juventus a donné une bonne impression en début de rencontre, affichant un certain allant offensif même si la conclusion n’était pas au rendez-vous (22e, 25e). Le passage au milieu, puis en latéral gauche dans une défense à 4 a semblé le perdre. Il est d’ailleurs complètement dépassé sur cette action sur son côté de Widmer (50e). L’ancien Parisien a affirmé ses limites, comme sur le second but de la Nati où il aurait pu monter plus rapidement sur Mbabu (80e), ou sur cette percée de Mehmedi (93e).

Griezmann (6) : une première période compliquée où, malgré sa mobilité, il n’a pas réussi à peser sur la rencontre, manquant trop de centres notamment. Les ballons passaient régulièrement par ses pieds mais n’arrivaient jamais dans la surface. Il a réussi à être mieux impliqué par la suite, comme sur les deux premiers buts français (57e, 59e). Son abnégation a fait du bien, remportant la majorité de ses duels. Il est sorti en fin de rencontre, remplacé par Sissoko (88e), qui aurait dû mieux faire sur ce contre (101e). Le joueur de Tottenham a globalement eu un apport assez faible.

Benzema (7) : une première période très difficile où il n’aura presque rien montré, exaspérant son équipe à se décaler sur le côté gauche. Il aurait aussi pu enchaîner plus vite sur ce centre de Griezmann (5e) mais sa seconde mi-temps est d’un tout autre calibre. Buteur magnifique, il parvient à s’emmener le ballon d’une talonnade magique pour égaliser (57e), avant de doubler la mise d’une tête à bout portant (59e). Remplacé en début de prolongations par Giroud (93e) que les Bleus n’ont pas vraiment réussi à trouver. Le joueur de Chelsea manque sa frappe (113e) et voit Sommer capter sa tête (119e).

Mbappé (3,5) : il a eu des occasions durant cette rencontre, notamment cette frappe enroulée qui passe de peu à côté du but de Sommer (56e). Si sa vitesse a fait des dégâts dans la défense, comme lors de cette remise complètement ratée de la défense suisse (67e), on ne l’a sans doute pas assez vu sur un match de cette envergure. L’attaquant trouve tout de même sur une astucieuse talonnade Benzema lors du premier but (57e). Il a semblé mieux terminer le match que la plupart de ses coéquipiers mais se fait mal sur cette dernière occasion offerte par Pogba (110e). Il est le seul joueur à avoir manqué son tir au but.

Suisse :

Sommer (5,5) : le portier expérimenté de la Nati n’a pas eu grand-chose à faire en première période tant son équipe a dominé les débats face à une équipe de France méconnaissable et battue tactiquement. Dans le second acte, il n’a pas tout à fait connu la même tranquillité puisqu’il est allé chercher le ballon au fond de ses filets à 3 reprises. Difficile toutefois de lui reprocher quoi que ce soit alors qu’il a, par exemple, capté une frappe de Coman (77e) et réalisé une belle claquette devant Pavard (95e). La gardien de la Suisse a aussi endossé le costume de héros en arrêtant parfaitement le tir au but de Mbappé offrant à son pays sa première qualification en quarts de finale d’un Euro.

Elvedi (4,5) : souvent devancé par les attaquants de l’équipe de France au duel, il a été logiquement averti pour un tacle en retard sur Griezmann (32e). Le défenseur de Gladbach est ensuite monté petit à petit en puissance, frustrant Mbappé en l’enfermant sur son côté droit et le stoppant dans la surface. Mais il s’est fait surprendre par la vivacité des attaquants tricolores sur le 2ème but français et a souffert physiquement face à la vitesse de KM7 notamment. Dans les airs, il a pris tous les ballons pour repousser les assauts des Bleus, assez logiquement.

Akanji (5,5) : le défenseur du Borussia Dortmund intervient bien en extension devant Benzema (7e). Il a parfaitement contenu Benzema, régnant en patron notamment sur le plan physique. Il a multiplié les interventions dans sa surface (39e) pour soulager l’arrière-garde suisse. Il n’était même pas loin d’y aller de son but de la tête sur corner (42e). Dans le domaine aérien, il n’a, comme Elvedi, pas été inquiété par la «petite» taille des Bleus devant. À noter tout de même qu’il ne suit pas bien Benzema sur le premier but du numéro 19 tricolore (73e). Averti pour une faute sur Pogba (108e).

Rodriguez (3,5) : positionné à gauche de la défense à trois utilisée par la Suisse, celui qui évolue désormais au Torino a forcément apporté à son équipe lors des phases offensives. Sa capacité à renverser le jeu a aussi permis de déséquilibrer le bloc défensif des Bleus. Il va probablement longtemps repenser à ce penalty loin d’avoir été tiré parfaitement et repoussé par Lloris (55e). D’autant plus qu’après, il a laissé la liberté à Benzema de pousser le ballon au fond des filets de la tête pour le but du 2-1 (59e). Averti pour une faute sur Griezmann (62e), il n’a pas été impérial défensivement (3 duels perdus sur 3 en plus de 12 ballons perdus). Heureusement pour lui, l’issue de la partie a été heureuse. Remplacé par Mehmedi (87e), dont l’entrée a fait mal aux Bleus.

Widmer (4) : plus discret que son homologue de l’autre côté du terrain, il a souvent été débordé ou pris d’assaut dans son couloir gauche. Il a eu beaucoup de mal à contenir les projections de Rabiot et les jambes de feu de l’entrant à la mi-temps, Coman. À noter qu’il n’est pas passé loin de tromper son gardien sur une incompréhension lors d’une remise de la tête en arrière. Remplacé par Mbabu (73e, 5), passeur décisif pour le doublé de Seferovic (81e) et qui a apporté de la percussion sur le côté droit. Défensivement, ça a été plus compliqué, notamment dans son dos et en un contre un.

Freuler (5,5) : le milieu de terrain de l’Atalanta s’est bien projeté et ne s’est pas posé de questions lorsqu’il a eu l’occasion de créer le surnombre au milieu des joueurs de Didier Deschamps, notamment dans les derniers mètres adverses. Un cran plus haut que son compère dans l’entrejeu, il n’a pas commis d’erreur flagrante et s’est montré précieux dans la conservation du ballon. Il a peut-être manqué de répondant dans les duels (14 disputés, 9 perdus) tout en baissant légèrement d’un cran physiquement au fil de la rencontre. Mais sa complicité avec Xhaka a été essentielle dans ce match contre la France.

Xhaka (7,5) : voir ci-dessus.

Zuber (6,5) : très offensif, comme à l’accoutumée, il a posé énormément de problèmes aux Français, sans hésiter à repiquer dans l’axe. Le redoutable centreur de la Nati a récidivé rapidement en déposant un amour de ballon sur la tête de Seferovic sur l’ouverture du score des Suisses (15e). Il a ainsi pris la tête du classement des passeurs dans cet Euro 2020 (4 offrandes). C’est encore lui qui a provoqué la faute de Pavard pour le tournant du match avec l’arrêt de Lloris pour relancer les Bleus. Le joueur de l’Eintracht Francfort n’a pas baissé les bras et a continué d’inquiéter la défense française tout au long du match. Son taux de réussite dans les transmissions (89%) en dit long sur sa justesse dans ce match. Remplacé par Fassnacht (80e), qui décale parfaitement Mbabu, passeur décisif sur le but du 3-2.

Shaqiri (3) : l’attaquant de poche de Liverpool au physique facilement reconnaissable n’a pas été le plus en vue des Suisses contre la France dans ce huitième de finale de l’Euro 2020. Il a montré la qualité de sa patte gauche, notamment sur quelques coups de pied arrêtés. Mais il n’a pas réussi à faire la différence comme on aurait pu l’attendre de sa part, ne réussissant que 79% de ses passes et perdant notamment 10 ballons. Remplacé par Gavranovic (73e, 6). L’attaquant du Dinamo Zagreb pensait d’abord égaliser en fin de match mais était signalé hors-jeu, de peu (85e). Il a finalement inscrit le but du 3-3, en se jouant facilement de Kimpembe, pour envoyer la Nati en prolongation face aux champions du monde en titre.

Embolo (5,5) : l’attaquant du Borussia Mönchengladbach a été un véritable poison pour les défenseurs tricolores, causant bien du souci notamment avec sa puissance et sa vitesse sur le front de l’attaque. Il a aussi beaucoup décroché, comme il aime le faire. Il aurait pu mieux faire sur cette tête même si le marquage de Kimpembe l’a bien gêné. Il ne lui manquait plus qu’un but pour valider sa bonne performance à Bucarest face à la France. Remplacé par Vargas (79e), auteur de quelques retours défensifs importants, notamment en prolongation.

Seferovic (6,5) : le buteur de Benfica a confirmé que jouer contre lui est tout sauf une partie de plaisir. Il a été essentiel pour le bloc équipe de la Suisse notamment dans la conservation du ballon et pour permettre à ses partenaires de conserver le cuir. C’est surtout lui qui a ridiculisé Lenglet et a inscrit le premier but de ce match contre les Bleus (15e). Le joueur de 29 ans a également beaucoup donné défensivement et a fini par lancer la révolte de la Suisse en s’offrant un doublé, de la tête encore (81e). Remplacé par Schär (96e).

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