Ligue Europa : le Shakhtar Donetsk, la Seleção de l’Est

En 2009, le Shakhtar Donetsk a obtenu un statut, celui d’équipe qui compte en Europe.

Peu connue jusque-là par le grand public, la formation ukrainienne portée par l’oligarque Rinat Akhmetov a remporté la toute dernière édition de la Coupe UEFA, l’ancienne formule de l’Europa League. Les hommes de Mircea Lucescu s’étaient imposés 2-1 en prolongation contre le Werder Brême grâce à un but de Jadson. Le Brésilien qui faisait alors partie d’un quinté gagnant composé d’Ilsinho, Fernandinho (Manchester City), Willian (Chelsea et désormais Arsenal) et Luiz Adriano (passé à l’AC Milan) représentait pleinement la relation entre l’Ukraine et « l’éternel pays d’avenir ». Et celle-ci n’a pas manqué de se développer au fil des années.

Ces dernières saisons, Bernard (Everton), Douglas Costa (Juventus), Alex Texeira (Jiangsu Suning) et Fred (Manchester United) ont brillé sous la tunique du Shakhtar Donetsk et le phénomène est en expansion constante. Dans l’effectif actuel, 13 joueurs sont Brésiliens dont 2 naturalisés Ukrainiens. Disposant de nombreux scouts au Brésil, le Shakhtar Donetsk est arrivé à un tournant il y a deux ans lorsque Luis Gonsalves l’historique directeur du recrutement (8 années en poste, il avait aussi eu cette fonction pendant 13 ans au FC Porto auparavant) est parti. Le Shakhtar Donetsk aurait pu en pâtir, mais son successeur a apporté un nouveau souffle qui porte ses fruits.

Ancien directeur sportif du Benfica, José Fernando Rodrigues Boto a passé près de huit ans avec les Aguias. Il a ainsi découvert des joueurs comme Joao Felix, Bernardo Silva ou Ruben Dias. Très expérimenté et compétent sur le marché des jeunes joueurs, il a vite su s’affirmer au sein du club ukrainien. Une stratégie de long terme
Bien conscient de la philosophie du club, il a misé sur la continuité au niveau du recrutement comme il l’avait expliqué dans une interview pour Goal : «le Shakhtar, en fait, a toujours eu une tradition de travail acharné au Brésil, nous avons une connexion qui est déjà historique.

De nombreux Brésiliens ont réussi dans le club, donc le pari sur le marché brésilien reste élevé. Le fait que nous ayons maintenant embauché beaucoup de jeunes, surtout après mon arrivée, a à voir avec le besoin que le club a ressenti de renouveler un peu l’équipe. Nous ne pensons pas à cette saison ni à la suivante. Nous pensons à l’avenir, en projetant de deux à trois ans.

Nous avons embauché des «seconds joueurs» pour qu’ils soient bientôt prêts à remplacer ceux qui ont joué le plus souvent aujourd’hui.» Car oui, le recrutement « made in Brasil » du Shakhtar Donetsk cible davantage le moyen-long terme. Depuis l’arrivée de José Fernando Rodrigues Boto, ils sont pas moins de 7 joueurs brésiliens à avoir rejoint le navire. Il s’agit de Tetê, Maycon, Fernando, Marquinhos Cipriano, Marcos Antonio, Junior Moraes (naturalisé ukrainien) et Vitao. Et la plupart d’entre eux se sont déjà affirmés.

Plus expérimenté que ses ex-compatriotes, Junior Moraes (33 ans) était déjà réputé en Ukraine puisqu’il avait évolué au Metallurg Donetsk et avec le Dynamo Kiev. Victime d’une rupture des ligaments croisés et victime de pépins physiques, Maycon (23 ans) a peu joué cette saison, mais lors du précédent exercice, il s’était montré très précieux. Pas encore titulaires, Tetê (20 ans) et Marcos Antonio (20 ans) ont eux beaucoup de temps de jeu et prennent de plus en plus de responsabilités. Le premier est un joker offensif très adroit (13 buts et 8 passes décisives en 44 matches) tandis que le second est doté de grosses qualités d’organisateur.

Si bien que Paulo Fonseca voulait le rapatrier à l’AS Rome. Très jeunes, Fernando (21 ans), Vitao (20 ans) et Marquinhos Cipriano (21 ans) ont moins de temps de jeu, mais les trois auriverdes auront sûrement plus de possibilités à l’avenir. Des renforts qui se développent au Shakhtar avec des coachs dotées de qualités de formateur comme Paulo Fonseca ou Luis Castro et qui sont amenées à rester plusieurs années en Ukraine avant de partir. «Notre pari a été sur des « seconds joueurs », des joueurs plus jeunes, tous capables de grandir et d’évoluer. Nous parions sur eux.

Le problème, c’est que des joueurs plus accomplis, comme Lucas Paquetá, Rodrygo… quand je dis terminé, je veux dire qu’ils jouaient régulièrement dans l’équipe principale. Ces derniers, qui sont dans ce cas, atteignent très rapidement des valeurs énormes, des valeurs que nous ne voulons pas payer pour le moment. Sans aucun doute.

C’est toujours un risque, puisque nous travaillons avec du potentiel, et non avec un joueur qui a déjà prouvé dans l’équipe principale qu’il peut avoir un haut niveau de performance» ne manquait pas de souligner le directeur du recrutement du Shakhtar Donetsk. Quelques échecs, mais beaucoup de réussites
Au-delà des recrues de José Fernando Rodrigues Boto, six autres joueurs brésiliens évoluent au Shakhtar Donetsk. Il y a tout d’abord le flanc gauche Taison (32 ans) et Ismaily (30 ans, actuellement blessé suite à une rupture des ligaments croisés). Ces deux derniers sont des éléments moteurs du club ces dernières années.

Si la possibilité de les voir dans un des cinq plus grands championnats diminue au fil du temps, ils sont tous les deux des références à leur poste et ont déjà été convoqués en sélection. Preuve d’un niveau de performance élevé. Brésilien naturalisé ukrainien comme Junior Moraes, Marlos (32 ans) reste l’un des détonateurs de l’équipe. Ailier droit, il est le deuxième meilleur buteur du club (avec Tetê) cette saison avec 13 buts et 8 passes décisives en 35 matches).

Il y a aussi Alan Patrick (29 ans) qui évolue aussi bien en meneur de jeu qu’un cran plus bas. Révélé sur le tard, il a encore plus pris en importance cette saison. Pendant d’Ismaily dans le couloir droit, Dodô (21 ans) s’est imposé comme une valeur sûre. Déjà suivi par de gros clubs, il a su confirmer son prêt au Vitória Guimarães la saison dernière et il est devenu un titulaire.

Quand on voit le panorama du club, on pourrait se dire que la réussite est totale, mais cette stratégie est risquée. Si le recrutement de ces jeunes brésiliens est très ciblé, leur développement peut mal se passer. C’est notamment le cas de Dentinho (31 ans). Toujours dans l’effectif alors qu’il est arrivé en 2011 de Corinthians contre 7,5 millions d’euros, il n’a jamais réussi à s’imposer dans la durée.

Pourtant très prometteur à ses débuts, il ne compte que cinq titularisations toutes compétitions confondues cette saison et n’aura jamais su imiter la plupart de ses compatriotes. D’autres Brésiliens se sont aussi loupés par le passé. Le passage de Márcio Azevedo est décevant, mais ce dernier était venu pour jouer la concurrence et Ismaily a vite pris le dessus. Fernando a lui connu un passage compliqué au Shakhtar Donetsk et a quitté le club après deux ans pour la Sampdoria.

Il s’est ensuite bien imposé au Spartak Moscou et évolue désormais en Chine avec le Beijing Sinobo Guoan. Sa carrière n’a pas eu le parcours attendu même si on ne peut pas totalement parler d’échec. Cependant, son aventure ukrainienne a été décevante. Le plus gros échec est toutefois celui de Wellington Nem.

Celui qui est désormais âgé de 28 ans était arrivé en 2013 contre 9 millions d’euros. Venu avec l’étiquette d’international brésilien (3 capes), l’ailier droit n’a pas été épargné par les blessures et n’a jamais su s’imposer. Libre depuis cet été, il a enchaîné les prêts au Brésil (Sao Paulo et Fluminense) et a manqué le tremplin que devait fournir le Shakhtar Donetsk. Véritable porte d’accès à l’Europe pour les jeunes Brésiliens, le Shakhtar Donetsk reste avant tout un modèle et une réussite.

Les joueurs auriverdes continuent d’avoir une importance cruciale et cette association pourrait se traduire par une nouvelle finale européenne onze après. Pour cela, il faudra s’imposer contre l’Inter Milan (rencontre à suivre sur notre live commenté).

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