US Open (H) – Benoît Paire, éliminé au premier tour de l’US Open : « Je verrai si je reprends l’année prochaine »

« Vous meniez 5-3 au deuxième set avant de vous écrouler face à Cameron Norrie (6-0, 7-6 [1], 6-0)…
C’est un tournant. Mauvais début de match. Ça fait un petit moment que je n’ai pas tapé la balle, j’ai arrêté après Cincy. J’ai pris un peu de vacances. Là, je repars en vacances donc c’était une petite pause entre mes vacances. J’ai fait ce que j’ai pu. Je menais 5-3, j’aurais pu prendre le deuxième set, ça m’aurait fait du bien dans la tête, mais mes démons sont encore revenus, les doubles fautes, et ça recommence tout le temps pareil. Je fais ce que je peux. Je suis 167e mondial (173e, ndlr), je me laisse aller, on verra ce que ça donne. Je ne suis pas sûr de continuer la saison, peut-être arrêter là et je verrai si je reprends l’année prochaine. Pour l’instant, j’ai besoin d’un peu de repos. Je me suis engagé avec Rennes, mais il faut que je coupe vraiment.

Votre mal-être est à ce point profond ?
Ça fait deux ans que j’en suis à ce point-là. C’est un peu dur. Même quand je coupe et que je reviens… C’est juste la tête qui n’est pas là. Ce n’est pas une question de tennis, sinon je ne mènerais pas 5-3 contre Norrie qui est un mec solide. Le problème c’est la tête. On le voit encore dès que c’est un moment important, je ne suis pas bien, j’ai du mal à respirer, je fais des doubles fautes… C’est quand même mon arme le service et je me retrouve à faire quatre doubles fautes dans le tie-break. Je vais partir un peu et prendre du temps pour moi.

« Le confinement a révolutionné ma vie. J’ai aimé ce côté-là, être chez moi. J’ai vraiment passé du bon temps. Retourner sur le circuit, les voyages, ça devient très difficile »

Vous sentez-vous capable de vous bagarrer sur le circuit secondaire dans les prochains mois ?
Je ne sais pas si je vais me bagarrer parce que même sur les Grands Chelems j’ai du mal à me bagarrer. J’espère retrouver un jour une motivation, un truc qui va me faire aimer le tennis, retrouver le goût de me battre, d’aller en compétition, de voyager. Pour l’instant, je suis le plus heureux quand je suis chez moi et le plus malheureux quand je suis en tournoi. C’est le résumé de ces deux dernières saisons difficiles dans la tête. Je n’ai même plus envie de m’énerver sur un terrain de tennis. Ce n’est pas bon signe : si je ne m’énerve pas c’est que je m’en fous.

Que ressentez-vous pendant les matches ?
Avant, je détestais m’entraîner, mais sur les matches j’avais ce petit truc où je ne voulais pas perdre. Là, ce truc, je ne l’ai plus du tout. Je suis déjà en train de penser à ce que je vais faire après, à quelle heure est mon vol. Je n’ai pas cette gnaque. Je suis obligé de me forcer à dire « allez ». Ça me dégoûte un peu d’être sur le court. C’est aussi les voyages. Le confinement a révolutionné ma vie. J’ai aimé ce côté-là, être chez moi. J’ai vraiment passé du bon temps. Retourner sur le circuit, les voyages, ça devient très difficile, surtout quand je ne prends pas de plaisir sur le court. À Cincinnati, j’ai fini mon match à 15 heures, à 18 heures j’étais dans l’avion. Là j’ai un vol ce soir à 19 heures (heure de New York). Je fais ce que je peux, mais la tête ne répond pas.

« Je ne dis pas que c’est la dernière fois qu’on me voit en Grand Chelem. Si je retrouve la motivation et l’envie, je pense que le tennis est toujours présent »

Êtes-vous toujours suivi au niveau mental ?
J’ai vu quelqu’un juste avant de partir. J’ai un blocage qui fait que je prends plus de plaisir à l’extérieur d’un court que sur un tournoi. À Wimbledon, je n’ai qu’une envie, c’est de partir. À l’US Open, je ne prends pas de plaisir. Les autres mecs, ils se battent, ça fait la différence.

L’ambiance des Grands Chelems ne vous manquerait pas ?
Mes amis, ma famille, mon chien, ils sont chez moi. Je suis seul ici. L’ambiance ne va pas me manquer parce que je préfère être chez moi.

Était-ce la dernière fois qu’on vous voyait en Grand Chelem ?
Je ne dis pas que c’est la dernière fois qu’on me voit en Grand Chelem. Si je retrouve la motivation et l’envie, je pense que le tennis est toujours présent. À l’entraînement, je me sens très bien. Si la tête veut bien revenir, ça reviendra très vite. Par contre si la tête me dit « Tu as assez joué, ça fait treize ans que tu es le circuit, je n’arrive pas à donner plus », c’est elle qui décide, pas mon corps. Je ne dis pas que c’est fini, mais dans ces conditions, c’est difficile de se projeter. C’est une saturation. Si la tête revient, je sais que je serai un bon joueur de tennis. »

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