Stefanos Tsitsipas s’en sort en cinq sets contre Jannik Sinner en huitièmes de l’Open d’Australie

On ne le répétera jamais assez, le tennis est avant tout un sport mental. La qualité de frappe, la tactique, le physique, tout disparaît à l’approche du sommet, là où l’air se fait plus rare. Dimanche, Stefanos Tsitsipas n’est sans doute pas celui qui a le plus souvent produit le meilleur tennis, mais le voilà en quarts de finale de l’Open d’Australie. Jannik Sinner, lui, a quitté le court tête basse, remplie des regrets d’un match qu’il avait réussi à faire tourner avant de le voir lui échapper.

Pendant une heure et demi, Tsitsipas a globalement dominé les débats. Face au jeu tout en cadence de Sinner, le Grec a proposé beaucoup de variations : des slices rasants en revers, des coups droits bombés et profonds, des accélérations suivies au filet et des amorties bien touchées. Parfait pour sortir l’Italien, parfois peu à l’aise dans le petit jeu, de sa zone de confort. Trois fautes en coup droit de ce dernier lui ont offert un break d’entrée.

Tsitsipas plus tueur dans les moments clés

Sinner a également eu beaucoup de mal à dompter le service kické extérieur côté avantage de Tsitsipas, qui l’a énormément utilisé, notamment sur les balles de break, pour déporter son adversaire en dehors du court puis l’attaquer avec son coup droit. Et malgré un débreak réussi par Sinner à 4-3, le 4e mondial a logiquement repris le dessus dans la foulée pour empocher la première manche.

Le deuxième set a ressemblé au premier, avec d’un côté les variations de Tsitsipas, de l’autre la puissance de Sinner. Les deux joueurs se sont rendus coup pour coup : un break en faveur du Grec et la réponse immédiate de l’Italien pour revenir à hauteur (2-2). Une fois encore, le vainqueur du Masters 2019 a accéléré en fin de manche avec un break blanc à 4-4. À 5-4, Sinner s’est procuré une balle de débreak. Mais malgré un avertissement pour dépassement de temps, Tsitsipas, plus réaliste dans les moments clés, a réussi un service gagnant, puis un ace, et a conclu le set dans la foulée.

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Jannik Sinner. (S. Sanders /Reuters)

Sinner s’ajuste tactiquement, Tsitsipas plonge physiquement

Alors que le chemin vers les quarts de finale semblait tout tracé, Tsitsipas a étonnamment plongé physiquement. Tout le contraire de Sinner qui a sensiblement augmenté son intensité. Le 16e mondial s’est également ajusté en suivant davantage ses attaques au filet. Il a aussi eu de plus en plus recours à l’amortie, avec une belle réussite, à l’image de celle qui lui a permis de sauver une balle de débreak à 3-1 en sa faveur au troisième set. Et malgré un manque criant de réalisme sur les balles de break (3/18 après trois sets contre 4/5 pour Tsitsipas), le joueur de 21 ans a logiquement empoché la troisième manche sur un jeu blanc conclu par trois aces.

22

Jannik Sinner a manqué 22 balles de break sur les 26 qu’il s’est procuré, soit 15 % de réussite seulement. Stefanos Tsitsipas, lui, en a transformé 5 sur 11 (45 %).

La tendance s’est confirmée dès l’entame du quatrième set. À 1-1, Sinner a réussi une nouvelle amortie gagnante pour s’offrir une balle de break. Une amortie jet d’eau de Tsitsipas lui a permis de faire la course en tête. Dépassé à l’échange, de moins en moins efficace derrière sa première balle et de plus en plus imprécis dans ses frappes (17 fautes directes sur les deux premiers sets, 28 sur les deux suivants), le Grec s’est accroché comme il a pu. Il a sauvé six balles de double break (trois à 3-1, trois à 4-2), mais l’Italien, impérial au service (seulement cinq points perdus dans la manche, 12/13 derrière sa première balle), n’a pas tremblé au moment d’égaliser à deux sets partout : deux aces et deux services gagnants pour revenir à hauteur.

« J’ai relâché un peu plus mon bras et mon poignet au service, ce qui m’aide beaucoup à générer plus de puissance »

Stefanos Tsitsipas

Mais alors que le « momentum » semblait totalement à son avantage, Sinner a vraisemblablement été rattrapé par l’enjeu. À 2-1 en faveur de Tsitsipas, il a commis trois fautes directes grossières (smash décentré, double faute et coup droit trop long) mais aussi offert trois balles de break à son adversaire. Il s’en est sorti miraculeusement, notamment avec un coup droit qui a accroché la ligne pour quelques centimètres à 15-40. Rebelote à 3-2 où son bras s’est de nouveau grippé. Et, cette fois, à 30-40, il a cédé sur une faute en longueur en coup droit. Le cadeau de trop.

En difficulté au service lors des deux précédentes manches, Tsitsipas a soudainement retrouvé un excellent pourcentage de premières balles (92 %). « J’ai relâché un peu plus mon bras et mon poignet au service, ce qui m’aide beaucoup à générer plus de puissance », a révélé le Grec au micro de Jim Courier après une partie conclue, sans trembler, sur un coup droit gagnant dans le replacement de Sinner, sortie sous une ovation qui n’effacera pas les regrets.

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