Roland-Garros (H) – Roland-Garros : Rafael Nadal écarte Jannik Sinner en quarts de finale

C’est une centième bien singulière qu’a vécue Rafael Nadal dans la nuit de mardi à mercredi à Roland-Garros. Sous le ciel non étoilé de Paris, à 22 h 36, le Majorquin a entamé sa centième partie à Roland-Garros face au jeune talent italien de 19 ans, Jannik Sinner. Dans le noir, le silence et le froid, sous les LED étincelantes, mais devant trois centaines de personnes tout de même, emmitouflées jusqu’au menton par 11°c, Nadal et Sinner ont disputé leur quart de finale en night session et, comme souvent à Paris (98 fois sur 100 désormais), c’est Nadal qui a gagné, en trois sets (7-6 [4], 6-4, 6-1).

Le n°2 mondial est donc dans le dernier carré à Roland-Garros. En demi-finales, l’Espagnol, douze fois titré à Paris, affrontera l’Argentin Diego Schwartzman, le tombeur de Dominic Thiem. Mais face à Sinner, de 15 ans son cadet, Nadal a d’abord dû s’employer, avant de régner vraiment dans le troisième set. Il fut même souvent malmené tout au long du premier, manquant clairement de longueur, notamment en coup droit, et de tranchant aussi, subissant plus qu’il n’imposait la cadence. Le Majorquin fut même à deux doigts de céder, Sinner servant pour la mise à 6-5 !

Mais Nadal, qui compilait 289 sets remportés ici avant son quart de finale, connaît la musique. Piqué comme un taureau par un taon, il en mettait soudain un peu plus. Une attaque en deux temps, un passing de revers ébouriffant et il débreakait dans la foulée, avant de remettre les choses en ordre dans un tie-break que Sinner lui offrait sur un plateau, avec quatre fautes directes.

La suite ne serait pas vraiment plus simple pour autant. À nouveau breaké en début de deuxième manche par un Sinner entrant copieusement dans le terrain, parsemant parfois ses coups de quelques traits de grand talent (volée haute de revers amortie, coup droit de fusil, petit lob défensif bien senti), Nadal a d’abord écopé et profité de l’audace un tantinet excessive parfois du jeune protégé de Riccardo Piatti, qui cédait encore sa mise en jeu dans la foulée de son break ! Mais c’était aussi le moment où le match prenait vraiment une autre dimension. Nadal, enfin, haussait le rythme, acceptait la bagarre et le duel avait alors un tout autre relief.

Maintenant, si l’on veut pinailler, si l’on veut ergoter, on pourra toujours dire que Nadal est en demi-finale sans avoir totalement rayonné. Sur cette terre moelleuse, son lift en coup droit bondit beaucoup moins et sa balle fait moins mal assurément, d’autant qu’à l’échange, l’Espagnol reste souvent court depuis le début du tournoi. Mais Nadal est un champion et il a toujours cette capacité incroyable à jouer sans peur et très souvent avec justesse les points pivots. S’il a mis près de deux heures avant de lâcher plein pot son premier coup droit décroisé, il n’a jamais laissé le doute s’instiller, breakant idéalement à 4-4 dans la deuxième manche, avant de plier le set à 0 h 47 sur une accélération de coup droit dans le filet de Sinner.

Sonné pour de bon cette fois, Sinner rendait les armes. Nadal, lui, continuait de faire mal et chipait la mise en jeu de l’Italien d’entrée de troisième set sur un petit passing court croisé en revers joliment touché. Libéré, le Majorquin était beaucoup plus agressif, plus incisif. Il était 1 h du matin et il y avait dans son engagement cette fois une férocité, une envie d’en finir. Le central Philppe-Chatrier, lui, s’était bien vidé. Soixante-dix, peut-être quatre-vingts personnes étaient encore là. Parfois des « Allez Jannik » tombaient des tribunes vides, rappelant un peu le bon vieux temps (victoire de Yannick Noah en 1983).

Le troisième set était une exécution, terminée à 1 h 25 du matin, après 2 h 48 de jeu. N’empêche, il y a, à l’automne, des ouvertures dans la carapace du Majorquin, qui n’existent pas aux beaux jours du printemps. Nadal le sait, il en est conscient. Ce n’est pas un hasard s’il érige en vertus cardinales et protectrices, l’attitude et la détermination à chaque fin de match depuis l’ouverture du tournoi. Novak Djokovic l’a évidemment déjà vu, qui attend l’Espagnol comme un affamé, frustré après sa mésaventure new-yorkaise. Mais avant le grand rendez-vous programmé dimanche, Nadal va devoir se défaire de « little big man », Diego Schwartzman, vendredi. « El Peque » (le petit) va vivre sa première demi-finale en Grand Chelem, avec de belles idées en tête. Il y a moins de trois semaines, l’Argentin avait dominé proprement l’Espagnol à Rome. Mais à Paris, c’est forcément une autre histoire. « Rafa, c’est le propriétaire des lieux ici », rappelait d’ailleurs Schwartzman, dans un sourire.

Source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.