L’incroyable bilan de Roman Abramovitch à Chelsea

Une page se tourne à Chelsea et c’est peu de dire que c’était inattendu. Mercredi soir, Roman Abramovitch a annoncé la mise en vente officielle du club anglais. Acquis pour 190 M€ en juin 2003, l’homme d’affaires espère en récupérer 3,6 milliards d’euros. Il y a même déjà quelques acheteurs potentiels qui se renseignent comme ce tandem américano-suisse mené Todd Boehly et Hansjorg Wyss. C’est la terrible actualité du moment qui a forcé Abramovitch à se débarrasser du club, lui qui est trop proche du Kremlin, et de jouer un rôle dans les tentatives d’accord de paix, alors même qu’il détient des parts importantes dans l’entreprise Edraz. Cette dernière fabrique des tanks qui servent dans la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine.

En attendant qu’un nouveau propriétaire se fasse connaître, c’est un chapitre de quasiment 20 ans et couronné de succès qui va se fermer. Sous sa gouvernance, Chelsea a remporté tous les titres possibles, devenant une référence en Angleterre et sur le continent. Chaque année ou presque, le club londonien est cité parmi les favoris. Il y aura 21 titres soulevés : 5 Premier League, 5 FA Cup, 3 League Cup, 2 Community Shield, 2 Ligue des Champions, 2 Ligue Europa, une Coupe du monde des clubs et une Supercoupe d’Europe. La période Abramovitch représente deux tiers du palmarès de cette institution créée en 1905. Et ce n’est peut-être pas encore terminé car après avoir perdu de justesse en finale de League Cup ce week-end (contre Liverpool, 0-0, 11-10 t.a.b.), Chelsea est toujours en course en C1 et en FA Cup cette saison. Ça sera plus compliqué pour le championnat.

21 trophées remportés

Abramovitch représente le succès de tout un club mais aussi une méthode, celle de la réussite par l’argent. Un « quoi qu’il en coûte » précurseur, inspirant d’autres investisseurs plus tard comme les futurs propriétaires de Manchester City ou encore du PSG. Avec lui, les règles ont changé, les millions se sont imposés comme une sorte de norme. En 19 ans de présidence, l’oligarque a investi plus de 2 milliards d’euros de sa fortune personnelle. De quoi flamber à chaque mercato, verser des sommes astronomiques et ne pas être gêné pour signer des chèques de départ à ses entraîneurs, une de ses spécialités. En janvier dernier, à l’heure de virer Frank Lampard, nous avions calculé la somme de ces licenciements à 110 M€, dont 30,5 M€ rien que pour José Mourinho, viré deux fois.

Evidemment, l’arrivée de l’argent roi a mécaniquement fait grimper tous les prix. Rien que pour son premier mercato, « Chelski » a lâché 170 M€, une somme complètement ahurissante pour l’époque, afin de s’offrir les services d’Hernan Crespo, Juan Sebastian Veron, Claude Makélélé, Joe Cole, Adrien Mutu ou encore Damian Duff pour ne citer qu’eux. Ça n’avait pas suffi pour être sacré champion, alors rebelote l’été suivant avec 166 M€ dépensés pour attirer Didier Drogba, Ricardo Carvalho, Petr Cech, Arjen Robben, Thiago, Paulo Ferreira et surtout José Mourinho. Entre une League Cup et surtout la Premier League, le succès est immédiat. Cette première génération de Blues sous l’ère Abramovitch va régner sur l’Angleterre mais devra attendre un peu avant de connaître la consécration sur le continent.

2,3 milliards d’euros dépensés sur le marché des transferts

Il faudra même attendre le départ du «Special One» pour voir le club soulever des trophées européens. Après un échec en finale de Ligue des Champions perdue aux tirs au but contre Manchester United en 2008… à Moscou, Chelsea obtiendra enfin sa C1 tant attendue en 2012. Emmenés par Lampard et surtout un Drogba extraterrestre ce soir-là, les Londoniens sortent vainqueurs aux tirs au but à Munich contre le Bayern. Cette génération est probablement l’une des moins talentueuse de la période Abramovitch mais c’est bien elle qui est sur le toit de l’Europe, entraînant dans son sillage les victoires en Ligue Europa un an plus tard, puis en 2019, guidée par Eden Hazard cette fois. Le Russe aux racines ukrainiennes aura même eu le bonheur de connaître un deuxième succès en Ligue des Champions l’été dernier. Comme quoi, ça valait le coup d’investir 2,3 milliards d’euros en transfert.

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