La belle aventure de Romain Arneodo, ancien retraité en finale de Monte-Carlo

Quand il est venu s’asseoir derrière le pupitre de la salle de conférences de presse, même s’il n’est pas un habitué de ces rituels médiatiques, Romain Arneodo n’était pas en terre inconnue : « Le reste de l’année, ici, c’est la salle de ping-pong », souriait-il.

Pas de ping-pong au programme ce dimanche, pour le natif de Cannes, mais, à la place, une finale de Masters 1000. Sa première, à 30 ans. Et à domicile, donc. Avec son pote autrichien, Sam Weissborn, Arneodo n’avait pas vraiment prévu d’occuper ainsi son week-end : « Nous n’avions pas de grandes ambitions en entrant dans le tournoi. Nous voulions simplement prendre du plaisir, et gagner le premier tour. Elle était là, la pression. »

Ce tournoi, Arneodo, invité par les organisateurs, aurait tout aussi bien pu le disputer avec Nicolas Mahut, qui cherchait un partenaire (et a, au bout du compte, trouvé in extremis Stan Wawrinka, avec qui il s’est incliné d’entrée). « Honnêtement, je m’étais dit que Nicolas semblait être un meilleur joueur, mais j’avais envie de montrer Monaco à Sam, qui est aussi un ami. »

Quatre-vingt-neuvième au classement ATP de la spécialité, Arneodo est à un rang insuffisant pour s’ouvrir toutes les portes sur le circuit. Planifier de traverser la saison entière avec son partenaire autrichien, lui-même 105e, était quasi impossible, jusqu’à présent, mais leur parcours monégasque leur vaudra de battre tous leurs records. Arneodo sera au moins 56e, Weissborn, 61e. Voire 46e et 50e, en cas de titre. Vous avez dit révolution ? « C’est génial, parce que maintenant on est sûr de pouvoir jouer Roland-Garros ensemble. »

« Au niveau où j’évoluais, on perd 10 000 à 15 000 € par saison »

Romain Arneodo

Champion de France minimes en 2006, représentant Monaco depuis 2013, Arneodo avait mis un terme à sa carrière en 2016, « parce qu’au niveau où j’évoluais, on ne gagne pas d’argent. On perd 10 000 à 15 000 € par saison. On ne peut rien s’acheter par soi-même, il faut se battre tous les jours pour pouvoir s’entraîner ». Alors il a passé son diplôme d’entraîneur, il y a sept ans, puis rejoint l’Élite Tennis Center de Jean-René Lisnard, à Cannes : « J’ai beaucoup aimé être coach, j’ai beaucoup appris, j’étais encore jeune. »

En 2017, tout change presque par accident, quand il obtient avec Hugo Nys, lui aussi devenu monégasque, une wild-card pour Monte-Carlo et que les deux compères rallient les demi-finales à la surprise générale. « Et j’ai recommencé vraiment à jouer, alors que je ne l’espérais plus. » Tout n’a pas été fluide pour autant : « Je jouais les Challengers et je me sentais parfois déprimé, je voulais arrêter car je ne gagnais pas ma vie, j’étais dans des endroits miteux. Mais ce qui arrive maintenant montre qu’à un moment donné, ça paie. Je sais ce que vaut cette finale (et il ne parle pas que des 152 140 € promis aux finalistes). Nous sommes juste là, chez nous, en finale. Le prince sera là, c’est bien pour la Fédération monégasque, c’est fabuleux. »

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