Juventus, équipe de France : faut-il encore croire en Adrien Rabiot ?

Il y a des carrières linéaires, où seuls quelques mauvais matches seront les nids de poule d’une trajectoire idéale. Et puis il y a les carrières faites de hauts et de bas, parfois de rares hauts et de profonds bas. Adrien Rabiot finira-t-il dans cette deuxième case ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais le Français, âgé de seulement 26 ans malgré presque 10 ans de carrière, cumule déjà beaucoup d’épisodes différents. Le dernier en date sera sa prestation mitigée face à Villarreal, à l’image de tous ses coéquipiers présents sur le terrain ce soir-là. Cela lui a valu des critiques acerbes de la part de la presse italienne, qui semble avoir fait le tour du cas Rabiot après 3 années de présence à la Juventus Turin.

Adrien Rabiot offre en effet les mêmes caractéristiques que lors de son éclosion à Paris. Il subjugue parfois, laissant l’imagination des journalistes, observateurs, spectateurs s’emballer en pensant à tout ce que la combinaison de son physique et de sa technique pourrait provoquer sur un terrain. Et puis la déception s’installe peu à peu, devant l’enchaînement de prestations souvent bien trop neutres. Laissant l’étrange sensation qu’il pourrait faire tellement mieux. Dès lors, jusqu’à aujourd’hui, son parcours est jalonné de ces moments d’excitation, où tout semble possible. On se rappelle de son éclosion définitive au Paris Saint-Germain, qui a accepté de laisser partir Blaise Matuidi pour faire place nette à Rabiot.

Parti par la petite porte du PSG

Il ne voulait qu’un poste, celui de milieu relayeur gauche, là où lui se sentait capable de tout. D’apporter sa dimension physique à la récupération, de percuter offensivement, et d’utiliser sa puissance de frappe. Sauf que tout ça, les supporters parisiens ne l’ont que trop peu vu. Ses coups d’éclat ? Une bonne entrée contre Chelsea, un soir de mars 2015 où le PSG était capable de surmonter des faits de jeu contraires, quelques bons matches distillés par-ci par-là. Pour le reste, il s’agissait de matches souvent neutres, sans changement de rythme. Mais Rabiot était plus qu’un joueur pour le Paris Saint-Germain, c’était un symbole, celui de la formation. D’où les crispations autour de son avenir, avec d’interminables atermoiements sur la question de son départ ou de sa prolongation.

Mis au ban par Antero Henrique, furieux de la tournure prise par les événements, Adrien Rabiot a subi la loi du milieu, et hérité d’une réputation qui lui colle à la peau, celui d’un homme qui n’en fait qu’à sa tête, et à celle de sa mère, Véronique, qui représente ses intérêts et aussi une partie de ses déboires médiatiques. Parti du PSG par la petite porte pour rejoindre la Juventus Turin en 2019, après avoir sondé presque l’intégralité des clubs majeurs en Europe, Rabiot allait pouvoir prouver sa valeur à l’étranger. Mais à la Juventus, malgré un salaire mirobolant de 7M€ annuels (ce qui en fait le 4e joueur le mieux payé de Serie A en 2021-2022), le Français est tombé sur Maurizio Sarri, un entraîneur qui en a vu d’autres et qui lui a préféré… Blaise Matuidi, présent au club depuis 2017. Après des premiers mois difficiles, mais protégé par un transfert libre qui lui a valu la patience de la part de la presse italienne, il a pu enchaîner les matches.

Une irrégularité qui pèse en Italie

Et parfois séduire, au point de devenir un titulaire régulier au début de sa deuxième saison. Revenant au passage en équipe de France, une autre histoire contrariée avec en point d’orgue la lettre publique expliquant son refus d’être réserviste pour le Mondial 2018, et livrant un match très abouti au Portugal, son match référence en Bleu. Tous les éléments étaient enfin imbriqués : le potentiel était développé, l’intensité était mise, l’aspect tactique était développé, l’attitude était volontaire. Et puis re-patatras. La Juve qui lui fait moins confiance et souhaite le vendre, des matches à nouveau trop mièvres, et la déception en équipe de France avec l’Euro 2020 (joué en 2021).

Absent de la Coupe du Monde 2018, présent lors de l’élimination en 8e de finale lors du dernier Euro, il enchaîne aussi les désillusions en club. Cela fait désormais 6 saisons consécutives qu’il s’arrête en huitième de finale en Ligue des Champions (3 avec le PSG, 3 avec la Juventus). Et il n’a gagné qu’un Scudetto, lors de sa première saison, avec la Juventus (ainsi qu’une Coupe d’Italie et une Supercoupe d’Italie). Victime collatérale ou partie prenante de ces échecs répétés ? La question se pose, mais la presse italienne a désormais tranché, du mauvais côté. Didier Deschamps, qui a si longtemps ignoré le joueur, continue de lui maintenir sa confiance malgré la mauvaise passe actuelle.

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