Croatie-France : les notes du match

Le retour de la revanche. Entre la France et la Croatie, les rencontres s’enchaînent depuis la finale de la Coupe du Monde 2018. La dernière en date s’était déroulée au Stade de France et les hommes de Didier Deschamps l’avaient de nouveau emporté 4-2, en Ligue des Nations. Les Croates avaient donc prévenu, ils comptaient bien faire pencher les choses en leur faveur. Articulés en 4-2-3-1 avec le prometteur Vlasic en numéro 10, les joueurs de Dalic avaient bien l’intention de bousculer des Français installés dans le même schéma que face au Portugal dimanche, avec Griezmann sous la paire Mbappé-Martial. Mais le début de match était loin de coller à leurs espérances. Dès le début de la rencontre, les Bleus monopolisaient le ballon dans le camp adverse et obtenaient plusieurs corners. Sur un changement de rythme, Ferland Mendy, titularisé côté droit, déposait son adversaire et centrait devant le but. Vida dégageait sur Griezmann, qui récupérait le cuir et envoyait une mine sous la barre (0-1, 9e minute).

Un début de match idéal pour les Français, qui continuaient de mettre la pression. Mais Griezmann gérait mal la dernière passe sur un contre éclair (12e). Et Mbappé ratait l’immanquable après un centre en retrait de Martial, qu’il avait lui-même servi (15e). Après 20 minutes de domination totale, l’équipe de France laissait enfin un peu le ballon à des Croates peu inspirés. Le premier frisson venait d’un coup-franc direct de Perisic (26e). Et cela les réveillait un peu. Touché par Vlasic, Perisic centrait vers Pasalic dans la surface qui prenait le dessus sur Lenglet mais butait sur Lloris (30e). Les Bleus avaient perdu toute leur maîtrise technique et subissaient. Ce temps faible durait 10 minutes et les hommes de Deschamps reprenaient le contrôle des opérations jusqu’à la pause.

La Croatie a fait trembler les Bleus

Au retour des vestiaires, Dalic faisait entrer Kovacic et Brekalo à la place de Badelj et Pasalic, en difficulté. Les Français, concentrés, gardaient toutefois la mainmise sur la rencontre, et parvenaient à multiplier les séquences de possession, bien aidés par un Rabiot dominateur. L’entrée de Kovacic faisait toutefois du bien à la Croatie, et à Modric, subitement plus tranchant. Et elle se montrait de plus en plus menaçante au fil des minutes. Deschamps lançait alors Coman à la place de Martial et Camavinga à celle de Tolisso. Ce double changement faisait-il perdre le fil aux Bleus ? Toujours est-il qu’ils se faisaient balader de gauche à droite sur une action qui aboutissait à un tir victorieux de Vlasic (1-1, 65e). Totalement revigorés et poussés par les 7 000 personnes présentes dans les tribunes, les Croates accentuaient la pression pendant que Didier Deschamps hurlait sur ses joueurs.

Le sélectionneur lançait donc Paul Pogba pour remettre un peu d’ordre dans la maison, et aussi un peu d’intensité dans les duels. Et le milieu allait faire parler la qualité de son jeu long pour trouver Lucas Digne dans la profondeur. Le latéral gauche remettait instantanément vers Mbappé devant le but croate. L’attaquant se jetait pour terminer le travail (1-2, 79e). Les Bleus pouvaient pousser un ouf de soulagement tant ils avaient failli couler sous l’effet de la vague croate quelques minutes avant. Ce but avait le don de calmer l’euphorie adverse. La Croatie tentait bien d’aller chercher le nul mais se heurtait à la défense française ou à Lloris, rassurant en fin de rencontre. L’équipe de France s’est donc fait peur dans ce match très bien lancé. Si le coaching de Deschamps a pu déstabiliser les siens au pire moment, il l’a rectifié avec la bonne entrée de Pogba. Voilà les Bleus toujours au coude à coude avec le Portugal dans le groupe A de la Ligue des Nations, avec 10 points au compteur.

L’homme du match : Adrien Rabiot (7) : une première période étincelante, loin de sa mièvrerie de dimanche contre le Portugal. Au four et au moulin, on l’a vu aux quatre coins du terrain, allant récupérer des ballons dans les pieds adverses, faisant parler son physique. Avec le ballon, là où il se contente trop souvent de passes latérales, il a aussi tenté des choses, donné du rythme. Il s’est également permis quelques chevauchées balle au pied intéressantes. Il a, logiquement, un peu baissé de pied après l’heure de jeu. Peut-être sa meilleure prestation avec l’équipe de France. Remplacé par Pogba (74e), qui a amené son intensité dans les duels à un moment où les Bleus en avaient bien besoin, et son jeu long pour lancer Digne sur l’action du but de Mbappé. Une entrée salvatrice donc.

Croatie

– Livakovic (5) : fusillé par Antoine Griezmann, il ne pouvait pas empêcher l’ouverture du score (9e). A part ça, le gardien du Dynamo Zagreb n’a rien eu à faire en première mi-temps. Après un début de 2e mi-temps calme, il sauvait bien son équipe d’un arrêt du pied devant Pogba (77e). Mais il devait s’incliner devant Mbappé (79e).

– Barisic (4) : dépassé par Ferland Mendy sur l’ouverture du score, le défenseur des Rangers a eu du mal à contenir les montées du joueur du Real. Et il a parfois manqué de justesse dans son jeu court mais a donné quelques centres bien ajustés.

– Vida (3) : son hasardeux renvoi dans les pieds de Griezmann aura coûté l’ouverture du score (9e). Le rugueux défenseur de Besiktas était bien heureux de ne pas voir une intervention sur Martial sanctionnée d’un penalty (17e). Et en plus de cela, il n’était pas inspiré dans la relance et dans son placement même si son agressivité dans les duels a gêné les attaquants français. Avec son compère, il lâchait le marquage de Mbappé sur le 2e but français (79e).

– Lovren (4,5) : pas trop largué par la vitesse de Mbappé et de Martial, il a plutôt été solide, se procurant même une petite opportunité sur corner (21e). Le nouveau défenseur du Zenith St-Pétersbourg a fait le boulot grâce notamment à sa force dans les duels et dans le jeu aérien. Avec son compère, il lâchait malgré tout le marquage de Mbappé sur le 2e but français (79e). Averti en fin de match (90e+2).

– Uremovic (5) : sur le côté droit de la défense, il a tenté de se démener et d’apporter offensivement tout en étant sérieux défensivement. Averti à la 57e minute, le latéral du Rubin Kazan a réalisé une rencontre plutôt aboutie.

– Modric (5) : plein de bonne volonté, le milieu du Real Madrid a tenté d’orienter le jeu des siens mais sans vraiment amener le danger. Il a surtout fait des passes latérales, ne trouvant que peu de décalages. Plus à l’aise au côté de Kovacic en deuxième mi-temps, il est monté en puissance au fil du match.

– Badelj (3,5) : peu en vue dans la construction, le milieu du FC Séville s’est surtout contenté d’être présent à la récupération et dans les efforts collectifs. Préféré puis remplacé à la mi-temps par Kovacic (6), il n’a pas vraiment convaincu. Le joueur de Chelsea a été plus remuant que son prédécesseur en phase offensive. Son entrée a correspondu avec le regain de forme des Croates. Il a réussi à créer et à se créer des situations dangereuses, à l’image d’une frappe à la 86e minute.

– Pasalic (4) : le polyvalent milieu de terrain de l’Atalanta Bergame a été plutôt invisible lors de la première partie de la rencontre. Mais il s’est signalé en étant tout proche d’égaliser, alors que sa frappe était arrêtée par Lloris (30e). Remplacé par Brekalo (5) à la mi-temps. Le joueur de Wolfsburg a été décisif en servant Vlasic dans la surface pour l’égalisation (65e).

– Vlasic (6,5) : averti dès la 5e minute, le petit génie du CSKA Moscou a encore été disponible dans son rôle de numéro 10 qu’il affectionne tant. Son aisance balle au pied a servi dans la construction du jeu croate et à créer des espaces. Il a pris ses responsabilités dans l’animation en n’hésitant pas à tenter de loin. Il a été récompensé par le but égalisateur, d’une frappe bien placée (65e). Remplacé par Kramaric (79e) après un très bon match. L’attaquant d’Hoffenheim a eu son occasion face à Lloris mais sa frappe était trop écrasée (90e).

– Perisic (6) : sur son côté, l’attaquant de l’Inter Milan n’a eu que très peu de ballons exploitables à se mettre sous la dent dans le premier acte. Mais il a quand même réussi à mettre en difficultés Mendy sur ses débordements. Avec notamment un centre dangereux, proche d’être repris victorieusement par Pasalic (30e). Plus en vue dans le temps fort de son équipe en 2e mi-temps. Remplacé par Bradaric (79e).

– Petkovic (4,5) : le grand attaquant du Dynamo Zagreb (1m93) a cherché à servir de point d’appui en n’hésitant pas à décrocher fréquemment. Il a cependant manqué de justesse et d’aisance technique pour pleinement remplir son rôle. Remplacé par Budimir (61e). Isolé, l’attaquant de pointe ne s’est pas vraiment mis en évidence.

France :

– Lloris (6,5) : tranquille au début de match, il a réalisé une superbe parade devant Pasalic, du pied à bout portant. Un arrêt impressionnant. Bien plus mis à contribution en deuxième période, où il a vu les ballons passer dans la surface. Il ne bouge pas sur la frappe de Vlasic, qu’il ne voit pas partir. Très rassurant en fin de rencontre, avec un arrêt sur une frappe de Kovacic captée en deux temps et un autre sur une frappe de Kramaric, qui était entré dans la surface, ainsi que plusieurs sorties aériennes réussies.

– Digne (6) : pas vraiment d’adversaire direct à surveiller en première période puisque Pasalic n’est pas un joueur de débordement. Le gaucher d’Everton n’a cependant pas été totalement libéré des tâches défensives et on l’a peu vu déborder sur son côté, pas aidé il est vrai par la présence quasi constante de Mbappé, voire Martial, dans cette zone du terrain, en demandant le ballon dans les pieds. Plus bousculé avec l’entrée de Brekalo, il a souffert mais s’est distingué avec un centre en première intention sublime à destination de Mbappé pour le deuxième but français. De quoi rehausser sa prestation, moyenne par ailleurs. Remplacé par Lucas Hernandez à la 83e minute.

– Lenglet (4,5) : préféré à Kimpembe, le défenseur du Barça n’a pas rayonné. Plusieurs interventions limites en première période, dont une qui a amené un coup-franc dangereux pour les Croates. Il se fait bouger par Pasalic sur la grosse occasion adverse de la première période. Il a aussi eu du mal dans les duels face à Petkovic, solide. Son jeu de tête a par contre été très utile.

– Varane (6) : une première période pleine de tonicité. On l’a vu jaillir à plusieurs reprises efficacement et chercher tout de suite une passe intéressante pour donner du rythme au jeu français. Un peu moins dominateur en deuxième période, dans le moment fort des Croates. Il n’a pas su ramener la sérénité dans l’arrière-garde tout de suite, mais s’est finalement repris en fin de rencontre.

– Mendy (4,5) : un gaucher à droite, ce n’est pas si fréquent. Mendy s’est distingué offensivement en début de rencontre, en utilisant intelligemment son pied gauche pour rentrer au cœur du jeu. Mais c’est bien en débordant sur son mauvais pied, avec un gros changement de rythme, qu’il a contribué au but de Griezmann. Par contre, il a éprouvé plus de difficultés pour défendre face à Perisic, qui l’a débordé trop souvent. La Croatie a clairement appuyé sur son côté et le joueur du Real Madrid a beaucoup souffert en deuxième période.

– N’Zonzi (5) : souvent critiqué lorsqu’il est aligné avec les Bleus, le milieu a abattu un remarquable travail défensif, coupant bien les trajectoires et interceptant quelques ballons chauds, devant ou dans sa surface de réparation. Il a fait dans la sobriété dans la relance, mais s’est parfois trompé dans ses choix. C’est vraiment dans l’utilisation du cuir qu’il doit faire mieux. Il n’est pas assez vif pour empêcher Vlasic d’égaliser. Du mieux avec Pogba à ses côtés en fin de rencontre.

– Rabiot (7) : lire ci-dessus.

– Tolisso (5) : moins en vue que Rabiot et globalement pas très inspiré dans ses choix. On a connu l’ancien Lyonnais plus tranchant dans ses prises de balle. Il a rendu beaucoup de ballons à l’adversaire et est apparu timoré offensivement. Pas grand-chose à se mettre sous la dent. Logiquement remplacé à la 62e minute par Camavinga. Le Rennais a subi les foudres de son sélectionneur sur l’égalisation croate, puisqu’il est revenu trop nonchalamment défendre l’entrée de sa surface. Cette entrée délicate, dans un contexte plus compliqué, lui servira pour la suite.

– Griezmann (6) : en panne de confiance Grizou ? Si tel est bien le cas, son 33e but en Bleu lui fera un bien fou. Et quel but ! Dès la 9e minute, il récupérait un dégagement raté de Vida et envoyait un missile qui fracassait la barre puis les filets de Livakovic. On l’a vu fluidifier le jeu français à quelques reprises, comme à ses meilleures heures, avec un peu plus de déchet toutefois. Quelques ballons récupérés de manière maline dans les pieds adverses, mais il ne pèse pas encore assez sur le jeu offensif des siens. On ne l’a pas assez trouvé pour calmer le rythme lorsque les Croates ont accéléré en deuxième période. Remplacé par Giroud à la 83e minute.

– Mbappé (6) : on attend toujours beaucoup de Kylian Mbappé au regard de son talent. Mais il faudra qu’il nous explique pourquoi il vient chercher les ballons aussi bas et pourquoi il limite ses appels en profondeur pour privilégier des départs arrêtés avec le ballon. Il a donc souvent attendu le cuir sur le côté gauche pour lancer lui-même les actions. Cela a parfois fonctionné, mais cela s’est avéré insuffisant. Sa vitesse a bien sûr posé problème aux Croates, qui ont usé à plusieurs reprises de manières illicites pour le ralentir. Il s’est positionné plus haut à la sortie de Martial, et il était bien là pour être à la réception du centre de Digne et marquer le but de la victoire. Ce qui fera oublier son raté surprenant en première période sur le service de Martial.

– Martial (5) : le Mancunien a apporté beaucoup de mouvements et d’appels. Ils n’ont pas toujours été suivis, mais il aurait pu être récompensé de ses efforts à deux reprises. D’abord lorsque, après un bon service de Mbappé, il lui remettait en retrait. Le Parisien se loupait seul face au but. Martial aurait également pu obtenir un penalty pour une faute de Vida, après lui être passé devant dans la surface. De l’activité donc, mais pas forcément une grande complémentarité, sur ce match en tout cas, avec Mbappé, au-delà de leur action commune. Remplacé par Coman, qui s’est positionné comme deuxième attaquant et qui n’a pas réussi grand-chose, avant de glisser sur le côté droit à l’entrée de Giroud.

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