US Open (H) – Gaël Monfils, la remontada inachevée face à Jannik Sinner

On voulait du Monfils sauvage et électrique pour confirmer son renouveau après sa période d’errance. Malgré la défaite frustrante au bout du suspens, on n’a pas été déçu après ce combat si singulier face à Jannik Sinner, au scénario improbable, parsemé de pressings intenses et de soudaines rebuffades des deux côtés.

Si on avait cru le Français dépassé par son stress dans les moments clefs, c’était presque une fausse impression. Mené 7-6, 6-2 et 4-3 break, il était déjà parvenu à se refaire une petite santé en revenant à deux sets à un. Mais à 4-0 pour l’Italien dans le quatrième set, il n’y avait que ceux habitués aux  »monfilseries » pour y croire, un peu.

Monfils a été capable d’asséner 61 coups gagnants mais de concéder 77 fautes

Et l’impensable s’est passé après six jeux consécutifs marqués par le protégé de Günter Bresnik, avec des attaques dans tous les sens pour revenir, deux services monstrueux pour reprendre l’avantage à 5-4, et un délitement adverse pour parachever le retour. Hélas inachevé après tant de retournements émotionnels, malgré les « Monfils ! Monfils ! » d’un court Louis Armstrong tout acquis à sa cause, au terme d’un cinquième où Sinner aura rapidement pris les devants et su garder ses nerfs en servant pour le match à 5-4, et profitant d’une dernière attaque en coup droit trop longue de son adversaire après 3 h 41 de jeu.

Étrange Monsieur Monfils, capable d’asséner 61 coups gagnants, mais de concéder 77 fautes directes. Si puissant dans ses frappes, fortiche au service (21 aces), si impressionnant dans ses déplacements, il peut donner le sentiment d’être infaillible… jusqu’à se perdre dans des trous d’air qui le rendent terriblement humain, avec un jeu de jambes soudainement incertain et un esprit  »petit bras » sur les points importants.

On a tout vu dans ce troisième tour de cogneurs

On a donc vu tout ça dans ce troisième tour de cogneurs face à Jannik Sinner. Le spectaculaire et l’engoncé. S’il avait au début du match de la foudre dans le bras, et qu’il assurait sur quelques belles séquences de bravoure défensive, Monfils a hélas pêché, comme parfois dans sa carrière d’avant Covid, sur des moments de tension extrême qui lui ont fait perdre le fil de la rencontre.

Alors qu’il menait 6-5, 30-0, le protégé de Günter Bresnik a alors abandonné quatre points sans jouer, sur de grosses fautes directes (dont une double faute) pour offrir le jeu au jeune Italien, puis le tie-break lâché dans la foulée, puis le deuxième set abandonné après avoir perdu deux fois sa mise en jeu en commettant à nouveau trop de fautes.

Avant le retour, donc, et ce huitième jeu étouffant du troisième set, pour sauver notamment une balle de 5-3 en enclenchant des frappes lourdes pour faire céder son adversaire. Avant la remontada folle du quatrième set… Et la désillusion au bout du cinquième set où il aura quand même encore sauvé une balle de 4-1, double-break, puis une autre de 5-2.

En début de match, l’Italien, dans un état de forme aléatoire depuis sa victoire lors du tournoi ATP 500 de Washington et sans plus de certitudes après ses deux premiers tours face à des wild-cards (Purcell et Svajda), pouvait donner le sentiment d’être prenable. Mais relancé dans le match comme il l’a été, l’Italien a su lui aussi montrer sa qualité de frappe, son efficacité au service, sa capacité à ramener les missiles adverses, son sens du réalisme, son cran dans les débuts de set et son sang-froid pour résister dans ce drôle de match. Lui qui n’avait jamais gagné un match à Flushing Meadows avant cette édition se retrouve en 8e de finale où il retrouvera le vainqueur du match Zverev-Sock.

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