US Open – 3e tour (H) – Carlos Alcaraz fait tomber Stefanos Tsitsipas au 3e tour de l’US Open

C’est un match indélébile, une date mémorable dans la jeune carrière du prodige de 18 ans, Carlos Alcaraz. Vainqueur vendredi, en cinq sets, au bout d’un combat titanesque, du n°3 mondial, Stefanos Tsitsipas (6-3, 4-6, 7-6 [2], 0-6, 7-6 [5]), l’Espagnol a décroché hier la plus majestueuse victoire de son histoire naissante. Il devient au passage le plus jeune joueur à battre un membre du Top 3 en Grand Chelem depuis Michael Chang à Roland-Garros en 1989 et le plus jeune joueur à atteindre les 1/8 d’un Majeur depuis Andreï Medvedev à Roland-Garros en 1992.

Dans un match de brasiers, Il y eut d’abord treize minutes irréelles. Un petit quart d’heure où l’Espagnol a joué les pieds dans les nuages. Treize minutes d’un tennis agressif, euphorique. Treize minutes qui ont submergé Stefanos Tsitsipas, découpé en lamelles par des coups droits comme des lames, privé de temps par un Espagnol en transe. Treize minutes, 4-0 et un n°3 mondial en perdition. La pépite d’El Palmar faisait résonner le talent, pas impressionné pour un sou par le central de Flushing Meadows qu’il foulait pour la première fois. Ça giclait, ça partait en tous sens, c’était impressionnant et diabolique.

Le prodige d’Equelite, l’académie de son coach, Juan Carlos Ferrero, était frondeur. 55e mondial désormais, vainqueur en Croatie, à Umag, en juillet dernier de son premier titre en carrière, Alcaraz a désormais les deux pieds dans le monde des grands et n’a peur de personne, lui qui ne vise rien d’autre à terme la place de n°1 mondiale. « Il sera top 10 d’ici un an ou deux et il a le potentiel pour gagner en Grand Chelem », confirmait Richard Gasquet, le finaliste vaincu en Croatie.

À un set et 3-0 en sa faveur, le vent ibérique soufflait fort et Tsitsipas était cabossé. Avec 65 matches au compteur sur l’année, le Grec traîne une grande et lourde saison. Mais le finaliste de Roland-Garros a un statut à honorer désormais. Dans cette semaine new yorkaise chahutée, où il fut bougé par Andy Murray d’entrée, vilipendé aussi pour ses pauses toilettes trop longues et à répétition, Tsitsipas sait que le rendu actuel n’est pas terrible. Mais le Grec s’accrochait, à l’image de ce dixième jeu du deuxième set où il écartait trois balles de débreak consécutives pour finalement conclure la manche sur un ace violent.

Il lui fallait cela, cette adrénaline, ce bout de précipice. Plus incisif, plus engagé, le vainqueur du Masters 2019 ne se laissait plus imposer les choses. Il dictait désormais. Moins intense, plus fautif, contraint de défendre beaucoup, Alcaraz décrochait. Mené 5-2, il rentrait dans le rang, presque logiquement, pensait-on. Mais ce gamin a une sacrée tronche et un jeu constellé de fulgurances géniales. La jeune pépite espagnole écartait d’abord trois balles de set, débreakait une fois, deux fois et remettait les compteurs à égalité à 5, sur un revers boisé du n°3 mondial.

Le Grec avait beau peser plus lourd dans le jeu, il y avait de la fébrilité, une sérénité en pointillé. Alcaraz cognait sans cesse, Tsitsipas tergiversait encore. Plus rien n’avait vraiment de sens. Il fallait un tie-break pour décider du gain de ce set pivot. Et l’Espagnol se l’octroyait en majesté. Lui, qui était encore au-delà de la 200e place mondiale il y a un an, jouait ce jeu décisif avec une maestria phénoménale, des amorties grand écran et un dixième puis un onzième revers gagnant.

« J’essaie de me dire que tout ça est normal

Carlos Alcaraz

Depuis trois ans qu’il travaille avec Alcaraz, Juan Carlos Ferrero sait qu’il ne faut mettre aucune limite. Le môme a le droit de rêver haut et fort. Encore fallait-il gérer ce contexte, insolite, magique, tout nouveau pour le prodige espagnol. « J’essaie de me dire que tout ça est normal. Quand je les joue, je dois essayer de perdre le respect que j’ai envers eux », avisait-il à Roland-Garros, à propos des cadors de son sport. En lui infligeant un 6-0 en 27 minutes dans la quatrième manche, Tsitsipas lui rappelait avec rudesse combien ces choses-là sont difficiles.

Vidé mentalement, Alcaraz avait à cet instant déjà tellement donné. Mais il luttait, regimbait encore, stoppait l’hémorragie de 7 jeux perdus de suite, retrouvait de l’entrain, du brio, des coups lunaires comme ce passing décroisé express de coup droit. « Sans vous, je n’aurais pas gagné ce match. J’étais vide au début du 4e set et vous m’avez redonné la force. Merci à vous de m’avoir poussé ainsi C’est un sentiment incroyable », adressait-il au stade Arthur-Ashe, debout.

Le n°3 mondial, à l’abri derrière une haute qualité de service dans ce dernier set, paraissait un chouia plus fringant physiquement et dans le jeu. Mais Alcaraz écartait une balle de break à 3-2 et restait dans le match sur un, deux, trois coups vertigineux. Le match se jouait, sur un fil et l’Espagnol ne tremblait pas une seule seconde, continuant à frapper comme un possédé, avec ce goût exquis du risque et un revers délicieux, pour pousser cette somptueuse histoire jusqu’à un tie-break décisif.

C’était sublime, dantesque. Un retour gagnant foudroyant d’Alcaraz sur deuxième balle lui offrait le premier mini-break du jeu décisif. Une amortie superbement plantée, un enchaînement en deux coups avec un revers croisé intouchable et un ultime coup droit décroisé écrivaient l’histoire en majuscule et confirmaient la naissance d’un futur champion.

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