Tous sports – Santé mentale – Amélie Cazé au sujet de la santé mentale : « On s’autorise davantage à en parler »

La pentathlète Amélie Cazé (37 ans) a obtenu trois sacres mondiaux (en 2007, 2008, 2010). Avant de devoir arrêter sa carrière après les Jeux de Londres pour cause de burn-out. Elle revient sur l’importance de l’aspect mental chez les sportifs.

« Comment expliquez-vous que la santé mentale des athlètes soit devenue une préoccupation majeure du monde sportif ?
C’est un peu comme le cancer. À une époque, on a fait des recherches et on peut désormais mettre des mots sur la maladie, alors qu’avant on ne savait pas forcément de quoi on mourait. Pour la santé mentale, on évoque le burn-out, mais ce n’est pas nouveau, ç’a toujours été présent. Soyons d’accord, là, on parle plus de l’émotion que du mental, même si les deux sont forcément liés. Mais l’émotionnel est beaucoup plus fort, c’est lui qui impacte le mental. Tout ce qui relève de cet aspect, on s’autorise davantage à en parler aujourd’hui, dans n’importe quel milieu. Donc, le sport n’y échappe pas. Le phénomène est amplifié par la pression, la communication, la vitesse à laquelle les informations circulent et le fait d’être surmédiatisé facilement, tout le temps, d’être toujours dans la vue de quelqu’un. Notamment par cette espèce d’existence parallèle que les réseaux sociaux offrent et qui peut aussi favoriser ces pétages de plombs qu’on peut appeler dépression.

Durant votre carrière, avez-vous connu ce genre de problème ?
C’est terrible, horrible, oui ! (Rires). J’ai arrêté ma carrière officiellement en 2012 avec les Jeux de Londres, car en fait j’étais en burn-out. Sauf qu’à l’époque il n’y avait pas de mot, je ne savais pas vraiment ce que c’était. Mais j’ai eu des heures de souffrance, de solitude, des pensées très noires, et pendant plusieurs années. Parce que : pression du résultat, envie de réussir et, à un moment donné, fatigue de tout. La compétition est un miroir de soi-même. On est seul, même si on a un adversaire direct ou indirect. Cette solitude très forte, j’ai d’autres collègues qui l’ont vécue. Mais je ne savais même pas que j’avais le droit de ressentir ça en fait.

« Oui, les langues se délient et ça fait du bien à l’athlète de verbaliser ce qu’il pense ne pas être autorisé à faire »

Dans votre rôle aujourd’hui, constatez-vous que cette préoccupation est de plus en plus importante ?
La santé mentale, c’est large, ça ne veut pas forcément dire que cela ne va pas, ça englobe aussi des choses positives. Mon but, c’est que les athlètes trouvent un espace où ils peuvent poser leurs émotions, leurs tourments, sans rentrer dans de la psychothérapie, mais en tout cas un cadre bienveillant et sans jugement. Oui, les langues se délient et ça fait du bien à l’athlète de verbaliser ce qu’il pense ne pas être autorisé à faire, comme le fait de ne pas avoir envie de faire une compétition, d’avoir peur, alors qu’il est connu pour être très fort. De montrer un peu les faiblesses que la première image n’intègre pas.

Pour protéger la santé mentale des joueurs et des joueuses, la FFT a mis en place à Roland-Garros une brigade de psys qui peuvent recueillir la parole de ceux qui se sentiraient fragilisés ? Que vous inspire cette mesure ?
Avoir des moyens, c’est déjà une bonne chose. Après, l’outil n’est rien tant qu’il n’est pas utilisé ni approprié. Il ne suffit pas de mettre une brigade de psys ou d’interdire ou de réguler. L’important, c’est comment on s’en sert et de ne pas se cacher derrière des mesures mises en place. C’est bien de l’avoir fait, maintenant, ce n’est peut-être pas suffisant. Derrière cette action, il y a la sensibilisation au fait que le joueur de tennis, le golfeur, le judoka ou le nageur, sont des êtres humains avant d’être des sportifs de haut niveau. Ils ont des qualités qui leur permettent de sortir des normes, mais ce ne sont pas des machines, et même s’il y a des paris faits sur eux, c’est important de rappeler qu’ils restent des humains avant tout. »

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