Tennis – WTA – Lyon – Dayana Yastremska : « Mon coeur est en Ukraine, mon esprit est ici »

Une fois la balle de match gagnée face à la Roumaine Ana Bogdan (3-6, 7-6 [7], 7-6 [7]), Dayana Yastremska (140e) s’est effondrée sur le court central de l’Open 6e Sens de Lyon, mardi. Certes, ce n’était qu’un premier tour dans un WTA 250 et même si elle avait sauvé deux balles de match, cette démonstration de joie pouvait sembler exagérée. Mais ce serait ignorer le contexte du match. Son premier depuis qu’elle a dû fuir son pays, l’Ukraine, depuis l’invasion de l’armée russe. Un exode forcé avec sa petite soeur de 15 ans, Ivanna, qui l’encourageait au bord du court. Un court où il était impossible d’ignorer les quatre drapeaux ukrainiens mis en place par l’organisation du tournoi. Autant d’éléments qui font que, non, ce match n’était pas comme les autres.

« Ce match était tellement stressant. Je n’ai jamais joué de ma vie avec de tels sentiments. J’étais extrêmement nerveuse. Je voulais gagner, bien sûr, mais j’avais tellement de pensées différentes dans ma tête. Franchement, au début du match, je n’arrivais pas à gérer mes émotions. J’ai essayé de rester concentrée, de jouer point après point. C’était difficile, mais je suis fière d’avoir pu gagner ce match. Bien évidemment, tout ce qui se passe ces jours-ci est une source de motivation. »

« Mon coeur était dans mon foyer et mon esprit devait lutter sur un court. C’est très compliqué. C’est difficile à comprendre si on ne le vit pas »

Le public était derrière elle et Yastremska (22 ans) n’a rien lâché dans les moments importants. Pour autant, elle n’était pas totalement présente, contrairement à son dernier tournoi, Dubaï, où elle a atteint les quarts de finale. « À Dubaï, je ne pensais qu’au tennis. Ici, mon coeur était en Ukraine et mon esprit en à Lyon. Mon coeur était dans mon foyer et mon esprit devait lutter sur un court. C’est très compliqué. C’est difficile à comprendre si on ne le vit pas. Ce que je ressens, ce n’est pas la nervosité habituelle qui peut accompagner un match, c’est bien plus. »

« Je ne peux parler qu’en mon nom »

Alors, elle a fini par laisser couler autant qu’elle pouvait. « Bien sûr, il y a eu des points importants à jouer, des balles de match à sauver. Mais en comparaison à ce qui se passe dans mon pays et ce par quoi je suis passé, je me disais que ce n’était pas si important. J’ai essayé de me laisser porter, de ne pas trop réfléchir. »

Interrogée sur la menace de sa compatriote Elina Svitolina de ne pas jouer face à une adversaire russe, Yastremska n’a pas souhaité s’engager dans cette direction. « C’est sa décision. Si elle pense que c’est la bonne chose à faire… Je n’ai pas envie de parler pour les autres, je ne peux parler qu’en mon nom et dire que je suis fière de ce que je fais. »

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