Tennis – L’ATP menacée par la création d’une union indépendante des joueurs

Dans la foulée de sa victoire au tie-break du troisième set contre Roberto Bautista Agut (4-6, 6-4, 7-6), vendredi, en demi-finales du Masters 1000 de Cincinnati qui se dispute à Flushing Meadows, Novak Djokovic n’est pas passé par la case « conférence de presse virtuelle ». Placé sous bulle sanitaire pendant toute sa durée, le tournoi a communiqué sur le fait que son équipe médicale avait vivement conseillé au Serbe de ne pas se prêter à l’exercice médiatique en raison d’une nuque très douloureuse, qu’il avait fait traiter plusieurs fois, sur le court, pendant sa demi-finale.

Dommage, les journalistes du New York Times, qui s’apprêtaient à révéler que le numéro un mondial avait démissionné de sa position de président du Conseil des joueurs de l’ATP, avaient sûrement préparé quelques questions autour du rififi qui se trame dans les coulisses du circuit masculin.

Pospisil a officialisé sa démission du Conseil des joueurs

Ce samedi soir, d’après le quotidien new-yorkais, les joueurs doivent se rencontrer pour peut-être acter la création d’une nouvelle entité, la PTAP (Professional Tennis Players Association), dont la raison d’être sera de défendre les intérêts du top 500 masculin en simple et top 200 masculin en double.

Membre du Conseil des joueurs comme Djokovic, le Canadien Vasek Pospisil, extrêmement actif ces derniers mois pour défendre les intérêts des joueurs, a, lui, officialisé sa démission sur son compte Twitter dès vendredi soir. L’Américain John Isner aurait aussi renoncé à sa place au Conseil.

Évidemment alerté par les discussions en cours, le président de l’ATP, l’Italien Andrea Gaudenzi, s’est adressé vendredi à l’ensemble des joueurs via un courrier (envoyé par email, que L’Équipe s’est procuré), dans le but de les mettre en garde contre le danger d’une désunion : « La question d’une association séparée est un sujet extrêmement important qui ne doit pas être pris à la légère. Se joindre à elle remettrait en question l’existence de l’ATP, qui s’est construite sur le principe d’un partenariat égal entre les joueurs et les tournois depuis trente ans. »

Pourquoi cette dissidence ? Entre autres raisons, parce que certains estiment que l’ATP a été trop discrète ces derniers mois, dans sa gestion du hiatus provoqué par la crise sanitaire, que globalement les joueurs devraient gagner plus d’argent et qu’ils ne sont pas assez entendus.

« Vous avez ce que d’autres athlètes, dans d’autres sports, n’ont pas, à savoir une place à la table du Conseil, rappelle Gaudenzi. C’est ce pourquoi les joueurs s’étaient battus à la création de l’ATP Tour (en 1990). Il est illogique de considérer que vous seriez mieux représentés en transférant votre rôle de l’intérieur vers l’extérieur de la structure gouvernementale (du tennis) ».

« Notre bataille n’est pas les uns contre les autres »

Andrea Gaudenzi, président de l’ATP

Dans un document sollicitant la signature des joueurs et récupéré par le New York Times, il est précisé que « le but de la PTPA n’est pas de remplacer l’ATP mais de fournir aux joueurs une structure d’auto-gouvernance, indépendante de l’ATP, et qui réponde aux besoins et aux préoccupations des joueurs membres ».

Après sa qualification pour la finale du Masters 1000 de Cincinnati (7-6, 6-3 contre Stefanos Tsitsipas), le Canadien Milos Raonic a indiqué qu’il était prêt à signer pour cette nouvelle association dont Djokovic et Pospisil se sont nommés « co-présidents de départ ». En attendant l’élection d’un Board qui pourrait comporter jusqu’à neuf membres.

Ce samedi pourrait devenir un jour clef dans l’histoire de l’organisation du tennis. Gaudenzi a ainsi conclu son message aux joueurs : « Notre bataille n’est pas les uns contre les autres. Plus que jamais, nous sommes dans le temps de l’union et de la collaboration. » Voeu pieux ?

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