Tennis – FFT – Élections à la FFT : Moretton monte sur Paris

La phase de campagne entre dans le « money-time » et l’ancien président de l’ASVEL connaît bien ces moments-là, ceux où il faut être incisif. Le ralliement, mardi, du Comité de Paris, le département le plus important, à sa liste « Ensemble pour un autre tennis », est un nouveau signe fort pour Gilles Moretton. Alors que Roland-Garros, étape cruciale en cette fin de campagne, approche, l’opposant à Bernard Giudicelli et candidat à la présidence de la FFT, dont les élections auront lieu le 12 décembre prochain, pointe les échecs de son rival et se pose en rassembleur.

« Je me pose clairement en rassembleur »

« Il y a deux éléments qui se sont passés tout récemment, qui m’amènent à communiquer. Lors de ma tournée des clubs, partout en France, je me suis rendu compte que certains avaient refusé de me recevoir parce qu’ils avaient reçu des ordres, que les décisions étaient déjà prises. Moi je revendique la démocratie, je revendique haut et fort le choix du rassemblement. Quand on fait ce choix-là, on écoute même les gens qui ont un avis opposé, on discute, on débat, ce qui n’existe pas partout aujourd’hui. On rentre dans une période où c’est le terrain qui va décider. Et, sur ce plan-là, le Comité de Paris a fait preuve d’une grande démocratie.

Le Comité de Paris est un point fort, c’est le plus gros département de France, là où se situe le président actuel, qui est chez lui quelque part. Et bien, ce comité, qui était affiché de l’autre côté, a souhaité qu’il y ait un débat, a souhaité écouter les candidats. On a eu, le président actuel et moi, l’occasion de faire notre présentation devant les clubs. Et tout récemment, il y a eu un vote des membres du Comité de Paris, qui ont décidé à 81 % de soutenir la liste que je mène « Ensemble pur un autre tennis ». On sait combien l’Ile-de-France, qui représente quasiment 25 % des voix, joue un rôle important dans les élections. C’est un signe important quand on est dans ce money-time. Le mouvement est en train de bouger.

Le deuxième point important est la démission d’un lieutenant du président (Hugues Cavallin, trésorier général qui mettra fin à ses fonctions à l’issue de ce mandat). Quand le n°2 démissionne, ça pour moi, c’est une perte de confiance, ce n’est pas un signe encourageant. Moi je ne démissionne pas avant de rentrer sur le terrain si tout va bien ! Le constat aujourd’hui est qu’on ne peut pas être seul à diriger une fédération. Le Covid et ce que l’on vit actuellement font réaliser à plein de gens qu’on doit faire le choix du rassemblement et qu’on ne peut pas faire le choix de la division. Moi je me pose clairement en rassembleur pour défendre les intérêts du tennis. Et pour demain, il faut faire ce choix-là. On ne peut pas diviser. Aujourd’hui on représente 63 % des licenciés et peut-être plus encore. Je ne veux pas rentrer dans ce jeu de la spéculation politique, ce que fait le président en envoyant une carte de France et en disant qu’il a tout ! Il y a un système électoral qui dit que tu ne peux pas aujourd’hui lever les bras. »

Bataille en vue pour la présidence de la FFT. (P. Lahalle/L’Équipe)

« Le triple échec du président »

« C’est le triple échec du président actuel. Il a su diviser une fédération alors que son rôle, comme le nom l’indique, est de fédérer. Fédérer, c’est rassembler. Le premier, c’est l’humain. L’échec a porté sur les élus qui, comme moi, ont été écartés de la Fédération. Sur les joueurs aussi pour certains. Dans son programme, il y avait « France Tennis Podium », qui avait pour objet de s’adjoindre les services de Noah, Mauresmo, Pioline et Forget pour l’aider à mieux comprendre le haut niveau. Ce podium, il a tenu un mois et ces quatre-là ont démissionné ! Si on n’est pas capable de fédérer les meilleurs joueurs pour conseiller la fédération, c’est un échec.

Vendre la Coupe Davis comme il l’a fait, c’est aussi un échec humain. C’est un patrimoine qui était français. On n’aurait peut-être pas pu influencer le mouvement international, qui répond à de la politique, mais la France se devait de tenir une position ferme en disant :  »On a eu les Mousquetaires, on a eu 1982, 1991, on ne peut pas prendre une position qui est celle de vendre. » Et cela a été sa position personnelle.

Le deuxième est l’échec des résultats. Il a annoncé il y a quatre ans qu’il y aurait en 2020, 1,5 million de licenciés. Or, on est à 923 000 licences club, on n’a jamais eu aussi peu de licenciés que cette année. Ça, c’est un échec phénoménal. Maintenant, il nous dit :  »J’aurai 1,5 million en 2030 ! Pourquoi pas, n’importe quoi ! » C’est un échec colossal. La mission est de faire jouer des gens et cette mission-là, elle a échoué.

Le dernier échec, c’est sur le plan des valeurs. Le tennis, aujourd’hui, souffre de l’image que l’on peut avoir, de par son attitude et son comportement, où on a laissé faire un certain nombre de choses, où l’éthique n’a pas été respectée. Mon exemple est flagrant, quand on m’attaque en diffamation et qu’on perd devant la justice française, excusez-moi mais l’image du tennis n’est pas très reluisante. Et quand on est capable d’être interdit de vestiaire par les joueurs en Coupe Davis, à Lille (en 2018), c’est un signe qu’aujourd’hui on ne donne pas une image extraordinaire de notre sport. »

Bernard Giudicelli (au second plan) lors de la finale de la Coupe Davis en 2018. (P. Lahalle/L'Équipe)

Bernard Giudicelli (au second plan) lors de la finale de la Coupe Davis en 2018. (P. Lahalle/L’Équipe)

« Roland-Garros est un outil de propagande »

« Je suis très heureux qu’il y ait un Roland-Garros (27 septembre – 11 octobre). Malheureusement, le Roland-Garros de cette année n’aura pas l’excitation que l’on a d’habitude. L’excitation elle naît du public dans les allées, des tribunes qui vibrent, de l’ambiance. Il n’y aura probablement pas la même vibration, celle qui créé l’émotion. Le Covid va enlever une partie du plaisir et de l’émotion que les gens ont à être dans le stade. Est-ce que c’est mieux huis clos ou un peu de public ? Je pense que c’est mieux qu’on ait un peu de public, mais on regrettera la vibration et l’excitation.

Ensuite, au regard des élections, ce Roland-Garros ne me fait pas peur, en ce sens où je suis confiant, par rapport aux chiffres, par rapport à ce qu’il se passe. Je suis forcément confiant. La peur, elle tient à l’équité en matière électorale. Depuis le début de cette aventure-là, j’ai été diffamé, attaqué, j’ai été obligé de saisir des commissions d’éthique. Je sais que Roland-Garros est un outil de propagande. L’équité ne sera pas respectée, puisque moi je n’ai le droit d’aller dans la tribune présidentielle que quelques jours pendant la période de Roland-Garros. Quand on connaît un peu les rouages du système, j’estime que dans une période électorale, il faut de l’équité. Là, il n’y en aura pas. »

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