Tennis – ATP – Madrid – Benoît Paire, après sa victoire au premier tour du Masters 1000 de Madrid : « C’est le début de ma saison »

« Cela faisait longtemps que l’on ne vous avait pas vu aussi appliqué sur un court de tennis. Qu’est-ce qui s’est passé pour en arriver à ce résultat ?
Ce qui s’est passé, c’est que cela faisait très longtemps que je n’étais pas entré sur un court avec des gens autour de moi qui me soutenaient. Se retrouver dans des stades vides ce n’est pas quelque chose que j’aime bien. Alors se retrouver à Madrid dans une ambiance de Coupe Davis avec des Français qui me soutiennent du début à la fin, ça me fait du bien et ça me fait aimer à nouveau le tennis. C’est pour ça que je joue et ça me fait chaud au coeur.

Comme je l’ai déjà dit, c’est une période difficile pour moi. J’ai du mal à être bien dans ma tête, dans mes jambes, dans mon tennis… Mais je ne joue pas que pour moi, je joue aussi pour les gens qui sont là et qui me soutiennent. Je me devais, pour la reconnaissance de ce soutien, de ne rien lâcher. Ce n’était pas facile, il a fallu que je me mette bien dans ma tête. Ce n’est pas facile de revenir sur le circuit. Pour moi, c’est un peu le début de ma saison. Aujourd’hui, je ne vais retenir que le public. Je ne joue que pour ressentir des émotions sur un court et c’est ce qui s’est passé aujourd’hui (mardi).

« Je sais que beaucoup de personnes m’ont critiqué et j’avais vraiment envie de leur montrer qu’ils peuvent se taire »

Benoît Paire

La fin du match était tendue. Que s’est-il passé dans votre tête ?
Oui, c’était difficile de finir le match. Il y a l’adrénaline, les gens qui te soutiennent, ça fait chaud au coeur et j’avais beaucoup d’émotions au moment de servir. J’avais envie de bien faire. Je sais que beaucoup de personnes m’ont critiqué et j’avais vraiment envie de leur montrer qu’ils peuvent se taire. Ce n’est pas facile pour moi de perdre toutes les semaines, de voyager d’un pays à l’autre et de me sentir mal. Avec le soutien des gens à Madrid, ça m’a mis un surplus de pression car j’avais envie de bien faire et ça m’a paralysé. Mais ce que je trouve très positif, c’est que j’ai su rester concentré comme cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps. C’est une sorte de renouveau. Et je veux aussi remercier Pierre-Hugues (Herbert) qui est resté du début à la fin. Parfois je cherchais son regard car je sais que c’est quelqu’un d’honnête, un mec super que je respecte beaucoup. Dans ces moments, il y a des regards qui font du bien et le sien m’a fait du bien.

Dans l’attitude, vous étiez très bien. Mais y a-t-il un risque de rechute ?
Peut-être. Si je me retrouve demain dans un tournoi à huis clos, enfermé dans une bulle, je ne dis pas que je ne me sentirai pas mal. Aujourd’hui, c’était génial, mais si les conditions sont différentes, ce sera difficile. Mais pour l’instant, je vais profiter. Quant à tous les gens qui parlent sur moi, je leur dis que dans une ambiance normale, je suis capable de revenir à un très bon niveau. Avant la pandémie, j’étais 22e mondial. Je fais huitièmes à Roland-Garros et à Wimbledon. Cette coupure a été très difficile, mais il ne faut pas oublier que je sais jouer au tennis.

« Tout le monde pense que je ne sais pas jouer au tennis, mais je sais jouer. J’ai quelque chose que d’autres n’ont pas, je n’ai pas besoin d’être acharné à l’entraînement pour bien jouer »

Benoît Paire

On sait que vous ne vous entraînez pas beaucoup et vous parvenez à sortir un match de haut niveau comme par magie. Quel est votre secret ?
Tout le monde pense que je ne sais pas jouer au tennis, mais je sais jouer. J’ai quelque chose que d’autres n’ont pas, je n’ai pas besoin d’être acharné à l’entraînement pour bien jouer. J’ai besoin de me sentir bien dans ma tête. Mes vacances m’ont fait beaucoup de bien car il y a eu beaucoup de choses de dites et ça me touche. Je n’ai pas fait de physique pendant dix jours, rien. Je n’ai pas touché la raquette. Cinq minutes de paddle, mais ma copine est tombée donc on a arrêté. Mais cette coupure, c’était ce dont j’avais besoin. J’ai fait un entraînement avec Carla Suarez Navarro en arrivant ici samedi après-midi, un autre hier (lundi) avec Arthur Cazaux qui est un pote. Et je sentais que j’étais prêt à jouer.

Ce qui s’est passé les dernières semaines n’est pas lié au niveau de tennis. C’était dans la tête. Le matin de mes matches, j’avais l’impression que je ne pouvais pas me lever du lit. Mais aujourd’hui, je me réveille sans pression. J’étais de bonne humeur, j’ai rigolé, mes jambes bougeaient bien. Donc j’avais des signes qui me montraient que ça allait bien. Et l’accueil sur le court à fini de me mettre bien. Car je sens qu’il y a des gens qui ne m’aiment pas, mais il y en a aussi qui m’aiment beaucoup. Et ça me fait du bien.

On a appris que vous ne serez pas retenu pour les Jeux Olympiques, quelle est votre réaction ?

Je souhaite bonne chance à ceux qui y seront. Je ne serai pas aux Jeux, mais je ferai d’autres tournois pendant ce temps. Cela fait partie du jeu. J’en ai parlé longtemps avec la Fédération, ce n’est pas une décision qui s’est prise du jour au lendemain. Je n’ai pas de souci là-dessus. Mais je leur montre peut-être qu’aux Jeux j’aurais pu faire un peu mieux que ce qu’ils pensaient. »

Source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.