Tennis – ATP – Le déclin du tennis américain qui n’a plus de joueurs dans les 30 meilleurs au classement ATP

L’image prête à sourire, à cause de l’extravagante coiffure d’Andre Agassi, mais elle fera pourtant pleurer les fans de tennis outre-Atlantique : ce 6 décembre 1992, à Fort Worth (Texas), Jim Courier, John McEnroe, Pete Sampras et Agassi posent fièrement derrière le Saladier d’argent, après avoir dominé la Suisse de Marc Rosset en finale de la Coupe Davis. Quatre immenses champions, tous numéros 1 mondiaux, symbole d’un pays historiquement synonyme de tennis, au même titre que l’Australie.

Aujourd’hui, la chute paraît vertigineuse. Ce lundi 10 mai 2021, pour la première fois depuis l’instauration du classement ATP (le 23 août 1973), aucun joueur américain ne figure dans le top 30. Leur meilleur représentant, Taylor Fritz, émarge au 31e rang mondial. Pour les plus jeunes, l’information ne fera pas lever un sourcil. Logique puisqu’il faut l’évaluer à l’aune de l’histoire et de ce qu’a représenté ce pays durant des décennies.

En mai 1984, 22 Américains dans le top 50

Flashback éblouissant, dans tous les sens du terme. En mai 1984, quatre Américains squattent le top 10 mondial (McEnroe, Jimmy Connors, Jimmy Arias, Eliot Teltscher) et ils sont vingt-deux dans le top 50. Rebelote dix ans plus tard : quatre « Ricains » (Sampras, Courier, Michael Chang, Todd Martin) parmi les dix meilleurs et encore onze dans le top 50.

L’hégémonie des États-Unis est tellement impressionnante que les titres du Grand Chelem pleuvent sans discontinuité au-dessus du pays. La source ne se tarit jamais. 51 succès en Majeurs depuis le début de l’ère open (1968), vingt-sept pour la seule période qui court de 1989 à 2003.

En septembre de cette même année, Andy Roddick remporte l’US Open en dominant Juan Carlos Ferrero en finale. Ce sera un clap de fin. Lorsqu’il prend sa retraite, en 2012, l’homme au service catapulte n’est pas parvenu à doubler sa mise.

La génération dorée, celle des Sampras & co, s’est transformée en générations perdues. Régulièrement, les patrons techniques du tennis américain annoncent pourtant la fin du tunnel. Mais personne n’émerge. Dans un premier temps, on a misé sur Steve Johnson, Bradley Klahn, Donald Young ou Ryan Harrison. Échec(s) et mat. On a ensuite annoncé l’arrivée du trio Taylor FritzTommy PaulFrances Tiafoe. Tous ont aujourd’hui 23 ans. Ils sont respectivement 31e, 55e et 74e mondiaux.

En 2021, le seul espoir légitime repose sur les épaules de Sebastian Korda. Le fils de Petr n’a que 20 ans et il pointe au 67e rang ATP. Surtout, il semble le seul à présenter le profil d’un top 10 potentiel.

Sebastian Korda à Roland-Garros en septembre 2020 (S. Boué//L’Équipe)

Mais tout cela ne tient qu’à un fil. Au point que les États-Unis prient pour ne pas connaître un destin à la suédoise. Outrageusement dominateurs durant les années 80, les successeurs de Björn Borg n’ont laissé derrière eux qu’un immense vide. Aujourd’hui, le meilleur Suédois (Mikael Ymer) n’est que 102e joueur mondial. Le gouffre entre le passé et le présent n’a jamais été aussi grand.

Source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.