Swiatek, les confidences de la patronne avant l’Open d’Australie

La retraite d’Ashleigh Barty les a bouleversées, elle et sa carrière. Sa carrière, parce que le départ soudain de l’Australienne l’a propulsée sur le trône. Elle, parce que cette décision inattendue a changé sa perception d’une vie cadenassée de championne. Elle, c’est Iga Swiatek.

Devenue numéro 1 mondiale par défaut au printemps dernier, elle s’est ancrée sur le trône par son seul talent, immense, qui lui a permis de remporter Roland-Garros et l’US Open, et d’archidominer le circuit, au point de compter plus du double de points que sa dauphine au classement WTA.

La grande patronne, c’est elle. Mais elle, qui est-elle ? Pas vraiment une grande armoire qui rue dans les brancards avec assurance. Plutôt une jeune fille qui n’était pas préparée à prendre autant la lumière. « À une époque de ma vie, j’étais tellement introvertie que parler aux gens était un véritable défi, a-t-elle écrit dans une chronique publiée il y a quelques jours par la plateforme « The Players’Tribune ». Jusqu’à l’âge de 17 ou 18 ans, il m’était parfois difficile de regarder les gens dans les yeux. Je me sentais vraiment mal de ne pas être capable de créer des liens. La conversation n’était pas naturelle pour moi. »

« J’ai toujours lutté contre le sentiment de devoir tout faire exactement comme il faut, tout le temps. Même dans la vie de tous les jours. »

Réservée, Swiatek a longtemps avancé sans trop se poser de questions dans le sillon profond que son père traçait pour elle, en premier de cordée d’un projet familial qui était avant tout le sien : « Lui y a toujours cru, bien avant moi, confie la joueuse. Ce qui fait de lui un père vraiment génial, ou vraiment fou, hahaha. Vous pourriez imaginer qu’enfant, je passais des nuits blanches à rêver de devenir une grande joueuse, mais non. C’était le rêve de mon père. La nuit, moi, je rêvais de me sentir un peu plus naturelle dans mes interactions sociales. »

Elle n’a aucun doute, c’est la détermination paternelle qui l’a amenée au sommet d’où elle contemple le tennis féminin : « Il m’a appris à être une professionnelle, la discipline et la régularité. Dans le sport et dans la vie. Ce n’est pas qu’il était super dur, mais il était strict sur les entraînements et les routines saines. Mon père était cette voix dans ma tête qui me guidait toujours dans la bonne direction. »

Swiatek a néanmoins hérité de cette période une tendance un peu maniaque mais elle ne la renie pas : « J’ai toujours lutté contre le sentiment de devoir tout faire exactement comme il faut, tout le temps. Même dans la vie de tous les jours. Par exemple, lorsque je nettoie la maison, je ne peux pas m’arrêter tant que je ne l’ai pas fait parfaitement. J’ai généralement l’impression de ne pas en avoir fait assez. Mais d’un autre côté, je sais que c’est une caractéristique qui m’a conduite à ce point dans la vie. C’est difficile de travailler dessus. Et ça peut devenir vraiment destructeur. »

« Personne d’autre ne conduit à votre place. S’il y a un secret à ma réussite de 2022, c’est de m’être donné cette liberté de ne pas me soucier de ce que les gens pensent. »

En ce sens, la retraite de Barty a ébranlé sa façon de voir l’existence : « J’ai beaucoup pleuré quand on m’a informé de son arrêt. Ça n’avait pas grand-chose à voir avec la possibilité de monter au classement. Ça peut paraître étrange, mais j’étais choquée qu' » Ash » prenne sa retraite à 25 ans. J’avais toujours en tête que l’on prend sa retraite vers 32 ans, quand le corps ne peut plus faire face. J’avais aussi l’impression qu’Ash avait le meilleur tennis du monde, de loin. Je ne savais pas si elle était malheureuse ou pas. Mais ensuite, j’ai regardé sa vidéo sur Instagram et j’ai compris. On peut donc choisir de faire différemment. Vous pouvez être à la recherche de l’excellence et dire « Ok, ça suffit », et prendre le contrôle. Personne d’autre ne conduit à votre place. S’il y a un secret à ma réussite de 2022, c’est de m’être donné cette liberté de ne pas me soucier de ce que les gens pensent. Parfois, la meilleure chose à faire, c’est de s’en foutre. »

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