Que vaudra Montpellier sans son duo Delort-Laborde ?

Depuis plus d’un an, le Montpellier Hérault Sport Club connaît des difficultés financières sans précédent, non seulement en raison de la pandémie (pas de billetterie…) mais également suite à la crise des droits TV causée par le départ prématuré de Mediapro. Depuis, le président Laurent Nicollin a tenté plusieurs mesures pour combler ces pertes considérables. Parmi elles, la baisse de la masse salariale de l’effectif de l’équipe première. La décision a été approuvée par la majorité des joueurs, comme l’explique le milieu de terrain Florent Mollet : «Si on peut faire un geste et aider le club, on le fait avec plaisir. On sait ce que le club nous a donné et on doit l’aider dans cette situation compliquée. Le club de Montpellier est une espèce de petite famille, tout le monde tire dans le même sens et tout le monde veut le bien du club», a-t-il déclaré au micro de France Bleu Hérault en février dernier.

De plus, le mercato estival était l’occasion pour Montpellier pour faire entrer des liquidités, ce qui impliquait forcément des départs. Après le changement d’entraîneur en juillet dernier (Michel Der Zakarian out, Olivier Dall’Oglio in), la Paillade a connu plusieurs départs en fin de contrat, notamment des piliers de ces dernières saisons (Vitorino Hilton, Daniel Congré…), et des résiliations de contrat à l’amiable (Petar Skuletic, Damien Le Tallec…). Niveau transferts, la direction s’attendait à ne se séparer que de Gaëtan Laborde, courtisé par plusieurs clubs européens depuis le mois de janvier, avant de se confronter à la volonté de départ de son nouveau capitaine Andy Delort. L’international algérien (11 sélections) est venu brouiller les plans de ses dirigeants en poussant pour un départ vers l’OGC Nice, qui s’est finalement concrétisé la semaine dernière, son transfert rapportant 8 millions d’euros bonus compris au MHSC. Quant à l’ancien Bordelais, il s’est envolé pour le Stade Rennais contre 15 M€ plus 3 en variables.

Deux paris pour relancer l’attaque

Alors, oui, les caisses sont renflouées, mais sportivement, le club est clairement affaibli offensivement. Delort et Laborde étaient impliqués respectivement sur 25 (15 buts, 10 passes décisives) et 24 buts (16 b., 9 p.d.) en championnat la saison passée, en plus de participer à 66% des réalisations de la formation héraultaise toutes compétitions confondues. Des statistiques qui les hissaient au rang d’une des meilleures doublettes offensives de Ligue 1 (49 buts + assists), devant Neymar-Mbappé (48) et Ben Yedder-Volland (47). Pour pallier ces départs, deux arrivées ont été enregistrées en attaque : celles de Valère Germain (31 ans), libre de tout contrat, et de Nicholas Gioacchini (21 ans), l’Américain prêté par le Stade Malherbe de Caen avec une option d’achat de 2 millions d’euros. Certes, numériquement, on a les deux successeurs, mais intrinsèquement, c’est discutable. En effet, le natif de Marseille sort de quatre saisons mitigées du côté de l’OM et l’international américain n’a plus marqué en championnat depuis le 20 janvier, même s’il a trouvé le chemin des filets avec la sélection en phase de poules de la Gold Cup cet été.

Malgré ces changements dans son effectif, Olivier Dall’Oglio semble confiant quant à la capacité d’intégration des recrues, notamment celle de Germain. Dans son entretien de présentation donné au au média officiel du club, le champion de France 2017 avec l’AS Monaco a conscience de l’importance qu’il va avoir dans le secteur offensif : «Mon objectif ? C’est de rejouer régulièrement, de refaire des saisons pleines comme je le faisais avant, de remarquer des buts, de redevenir important pour le collectif, et aider mes partenaires à remplir les objectifs de l’équipe. Je serai au quotidien à 100% pour ces nouvelles couleurs. Je vais vivre Montpellier et manger Montpellier». Après un match amical écourté à cause des intempéries, lors duquel Gioacchini a ouvert son compteur buts, le meilleur entraîneur de Ligue 2 en 2016 sait qu’il leur faudra du temps pour créer des automatismes avec leurs nouveaux coéquipiers : «C’est un demi-match mais on a pu voir certaines choses, notamment de pouvoir faire évoluer Valère. On sait qu’il a besoin de temps de jeu mais ça a permis de le situer. Nicholas avait aussi besoin de repères. […] Avec Téji, ils ont déjà parlé donc c’est une bonne chose. Il va falloir faire la connexion avec les autres. Mais c’est facile de faire la connexion avec Téji qui a une belle vision du jeu et une bonne technique. Mais Valère est malin, il le sait, donc on va pouvoir instaurer quelque chose», a-t-il expliqué au micro de RMC Sport.

Un secteur offensif rajeuni

Si on jette un coup d’œil aux attaquants de l’équipe première, ODO confirme sa volonté d’intégrer des produits du centre de formation dans la rotation, tous secteurs confondus. En plus des deux nouveaux venus, on y ajoute Stephy Mavididi (23 ans), qui a récupéré le numéro 10, Elye Wahi (18 ans). Le coach de 57 ans a ensuite incorporé deux jeunes offensifs : Béni Makouana (18 ans), arrivé à Grammont l’été dernier en provenance des Diables Rouges (Congo), et Yanis Guermouche (20 ans). A 22,2 ans de moyenne d’âge, Montpellier possède aujourd’hui l’une des attaques les plus jeunes du championnat. Au delà des difficultés économiques qui empêchent le club de sortir le chéquier pour se renforcer, Laurent Nicollin avait été explicite avec son nouvel entraîneur, en lui demandant de s’appuyer sur le vivier de la formation montpelliéraine : «Il correspond à ce que nous recherchions pour accompagner notre équipe car on a décidé cette année d’axer énormément notre effectif sur nos jeunes joueurs. On a des jeunes de qualité, on veut travailler dans ce sens et Olivier a de suite dit oui pour exercer dans cet état d’esprit. Cela correspond à notre projet. […] Il est capable de mettre tout en œuvre pour tirer le maximum de notre équipe et de nos jeunes».

Il est clair que le rendement de ce secteur offensif remanié ne sera pas aussi efficace et ne trouvera pas l’entente qu’avaient Andy Delort et Gaëtan Laborde durant ces trois dernières saisons. Mais il ne faut pas oublier qu’à leur arrivée de Toulouse et Bordeaux, les deux attaquants n’étaient pas aussi performants qu’aujourd’hui. Arrivé en prêt du TFC en 2017, Delort avait eu du mal à s’installer dans un seul club et n’a pas cessé de trouver de nouveaux défis, que ce soit en France, en Angleterre jusqu’au Mexique, pour tenter de relancer la machine qui était létale à Caen. Le natif de Mont-de-Marsan arrive à Montpellier dans un contexte particulier : l’entraîneur uruguayen des Girondins Gustavo Poyet avait été la goutte qui fait déborder le vase et causé sa démission en pleine conférence de presse. En outre, le nouveau capitaine Téji Savanier semble avoir pris plus de responsabilités dans le jeu, positionné un cran plus haut dans le 4-2-3-1 montpelliérain, et peut devenir la pièce maîtresse de Dall’Oglio. Derrière lui, la fougue de Joris Chotard combinée à l’expérience de Jordan Ferri, compères sur le terrain et en dehors, peuvent clairement apporter une certaine stabilité à l’entrejeu pailladin. Enfin derrière, si Mamadou Sakho et Matheus Thuler, charnière titulaire lors des 3 derniers matchs de Ligue 1, retrouvent leur pic de forme et une certaine cohésion en plus du retour progressif de Pedro Mendes, prévu en novembre, il ne sera qu’une question de temps pour que le Montpellier HSC retrouve la solidité défensive qui la caractérisait il y a quelques saisons sous MDZ, ce qui n’est pas le cas depuis l’an passé. Rendez-vous lors de la prochaine trêve internationale pour suivre l’évolution de ce nouveau MHSC.

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