Ligue des Champions : qu’est-ce qui cloche à la Juventus ?

On a bien envie de dire que l’image est trompeuse.

Le 1er août dernier, toute la Juventus avait le sourire au moment de célébrer son neuvième Scudetto consécutif. Un exploit XXL. Cependant, l’Italie est très loin d’être enthousiaste avant le huitième de finale retour de Ligue des Champions contre l’Olympique Lyonnais. Car si le scénario (victoire par deux buts d’écart) est loin d’être insurmontable pour une écurie de ce calibre habituée aux joutes continentales, les sensations que procure la Vieille Dame depuis la reprise de la Serie A ne sont pas celles d’une équipe prête à tout casser.

Surtout depuis la pause forcée liée au coronavirus. En 14 matches, toutes compétitions confondues, les hommes de Maurizio Sarri n’en ont remporté que 6 (4 nuls, 4 défaites dont 3 lors des 4 derniers matches). La suite après cette publicité La Juve peut tout de même y croire, notamment grâce aux coups d’éclat de Cristiano Ronaldo. Deuxième meilleur buteur de la saison de Serie A (31 buts), le Portugais a, depuis la reprise, inscrit 10 buts en 13 rencontres, toutes compétitions confondues.

Souvent présent aux rendez-vous de la Ligue des Champions, l’ancien Merengue a les moyens de faire flancher la défense lyonnaise, mais ses performances, ainsi que les arrêts répétés du Polonais Wojciech Szczesny, ne reflètent pas du tout l’état de forme actuel de la Vieille Dame. Premièrement parce que la moitié de ses 10 réalisations a été marquée sur penalty et pas dans le jeu. En effet, quand le MVP de la saison de Serie A, Paulo Dybala (11 buts, 6 assists en championnat ; 3 buts, 2 assists en Ligue des Champions), n’est pas là, les Bianconeri affichent nettement moins de créativité. Conséquence : CR7 se retourne trop esseulé devant.

Un milieu de terrain pointé du doigt
Un point qui s’ajoute à d’autres indicateurs inquiétants. Tactiquement, trois soucis sont à souligner. Premièrement, l’incapacité de Sarri à faire jouer ensemble le trio Ronaldo-Dybala-Higuain. « Higuain est le seul véritable joueur de surface. Mais il a démontré que ça ne fonctionne pas avec Dybala et Ronaldo.

Ce sont les trois meilleurs joueurs offensifs de la Juve, mais il ne savent pas jouer ensemble. Donc Sarri hésite toujours : soit il fait jouer un attaquant de surface comme Higuain, qui reste un danger pour les défenseurs. Soit un attaquant plus mobile comme Dybala », nous a confié le spécialiste de la Juve pour la Gazzetta dello Sport, Luca Bianchin. Et dernièrement, c’est Dybala qui a la cote, même si sa présence face à l’OL demeure incertaine.

Le deuxième problème, et sans doute le plus important, concerne le milieu de terrain. Sur le papier, la Vieille Dame est riche en solutions (Pjanic, Matuidi, Rabiot, Ramsey, Bentancur, Khedira, Bernardeschi entre autres). Mais sur le terrain, le milieu à trois souvent utilisé est à la peine. Trop disparate, peu de liant, l’entrejeu turinois fait défaut dans sa couverture du terrain.

Sans oublier l’incapacité des milieux à être au top au même moment. « La Juventus a dû faire beaucoup tourner au milieu de terrain. Mais malgré toutes les solutions dont Sarri disposait, le seul qui a eu de la continuité, c’est Bentancur. Les autres ont tous connu des hauts et des bas. Le seul qui semble être en forme en ce moment, c’est Adrien Rabiot », poursuit Bianchin.

Un constat positif pour le Français qui se confirme (à l’heure où un Ramsey coule) alors qu’il avait été l’un des pires Bianconeri sur le pré lors du huitième de finale aller au Groupama Stadium. Enfin, il est également reproché à l’entrejeu piémontais de toucher presque moins de ballons que les latéraux dans les phases offensives. Face à une équipe bien organisée défensivement, le milieu turinois est donc rapidement englouti, malgré la rampe de lancement Pjanic en sentinelle. Et ce n’est pas tout.

Le troisième point négatif concerne le repli défensif. « Le principal problème tactique de Sarri est l’organisation de la phase défensive avec Dybala et Ronaldo, les deux meilleurs joueurs de la Juve. Mais défensivement, surtout Ronaldo, ils ne font pas un gros travail (de repli) », indique Bianchin. Le positionnement sur l’aile gauche du Portugais a en effet inévitablement créé quelques soucis défensifs. « Blaise Matuidi a été pendant un temps la solution apportée. Il assurait ses arrières et couvrait beaucoup de terrain ».

Enfin, le physique et le mental sont les deux derniers soucis majeurs de la Juventus. Depuis la reprise de la Serie A, plusieurs éléments affichent une condition physique très limite, sans parler des nombreux blessés déjà à déplorer (Khedira, De Sciglio). Une équipe fragile physiquement et mentalement
Ainsi, Paulo Dybala, Douglas Costa, voire Danilo ne sont pas sûrs d’être présents vendredi soir. Touché à l’épaule, Matthijs de Ligt doit jouer en serrant les dents, tout comme Leonardo Bonucci, obligé d’empiler les matches à cause des défections en défense (notamment la longue blessure de Giorgio Chiellini), et Juan Cuadrado. « Ils ont eu des soucis physiques durant toute la saison.

On se rappelle que Giorgio Chiellini n’a quasiment jamais joué. Pareil pour Douglas Costa et Sami Khedira qui ont été souvent absents », rappelle Bianchin. Des éléments à bout de souffle, d’autres pas à 100% et des soucis tactiques : le cocktail est très amer à avaler pour les habitués d’une Juventus réputée pour sa solidité à toute épreuve. Car en plus de tous ces problèmes s’ajoute donc un souci mental.
« Le problème majeur de la Juventus, c’est une équipe ne semble pas avoir confiance en elle-même.

Des problèmes de réactivité. Elle n’est plus agressive au bon moment. Elle ne sait plus fermer la boutique derrière quand il le faut. En fait, ce qui faisait sa force est devenu sa faiblesse actuelle », confirme Bianchin.

Résultat : la Juve est certes la troisième meilleure défense de Serie A (43 buts encaissés), mais les sautes de concentration se sont répétées depuis la reprise et sa réputation défensive en a pris un sacré coup. Sur ses 10 derniers matches, la Juve a encaissé pas moins de 19 buts, soit près de deux réalisations par rencontre. Un constat hallucinant sans oublier ces matches où elle menait de deux buts avant de se faire rattraper (3-3 contre Sassuolo) ou dépasser (2-4 face à l’AC Milan). Sa grande avance sur ses poursuivants lui a permis d’être championne (avec 1 point d’avance sur l’Inter), mais cette fragilité risque de se payer très cher en Ligue des Champions.

Une chose est sûre : si une réaction d’orgueil peut arriver, l’OL sait qu’il n’affrontera pas la meilleure Juventus de l’histoire.

Source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.