La bataille pour les terrains de tennis du jardin du Luxembourg n’est toujours pas terminée

Mais rien n’est simple dans cette affaire, qui a été l’objet d’une bataille judiciaire longue de six années menée par Hervé Picard, le dirigeant de la société Paris Tennis. Ce dernier avait contesté l’attribution de la gestion de ces terrains au Comité de Paris, émanation de la Fédération française de tennis, et avait vu le Conseil d’État lui donner raison et annuler la concession. Il a, à nouveau, contesté la décision du Sénat de choisir Vaziva. Toutes les parties avaient donc rendez-vous ce vendredi au tribunal administratif pour une audience en référé précontractuel.

« Vous êtes le Federer du droit administratif »

Dans la petite salle du tribunal, à laquelle on accède par un escalier provisoire, Hervé Picard est présent, vêtu de son incontournable survêtement noir. Il a une obsession : récupérer un document envoyé par la FFT au Sénat pour indiquer qu’elle se retirait du projet. En effet, Jean-Philippe Fleurian, responsable du pôle France tennis fauteuil, était associé au projet de Vaziva, concurrent du Comité de Paris et, donc, de la FFT. Picard s’adresse donc à l’avocate du Sénat, Me Valérie Brault l’éconduit sèchement. Son conseil, Me Christophe Cabanes le prend à part. « Vous êtes le Federer du droit administratif. À quinze jours de Roland-Garros, j’attends de vous que vous soyez au sommet », lui lance Hervé Picard, avant de s’asseoir et de ne plus dire un mot.

Dans sa plaidoirie, son avocat remettra en cause le choix de Vaziva, et interrogera sur le sérieux de l’examen des candidatures de la part du Sénat. « C’est une société respectable mais dont la participation a cet appel d’offres est discutable, car c’est une société spécialisée dans la commercialisation de carte, très éloignée de la gestion de structures sportives. Normalement, le Sénat aurait dû se poser la question de savoir si la société Vaziva possédait les compétences spécifiques pour gérer la gestion d’équipement sportif », expliquera-t-il notamment.

Hervé Picard à Paris, le 18 janvier. (A. Réau/L’Équipe)

La clôture de l’instruction reportée

Me Brault, représentant le Sénat, assurera que tout est dans les clous, vilipendera beaucoup Me Cabanes, à tel point qu’elle se fera rappeler à l’ordre par la juge, répondra : « Le Sénat a fixé les règles du jeu, avec une liste précise de ce qui est attendu de la part des candidats. Il a donc vérifié les compétences professionnelles attendues dans le cadre de ce dossier. […] Le Sénat ne cherchait pas une offre permettant de garantir un enseignement du tennis de haut niveau, mais une organisation qui permettrait de respecter l’obligation du contrat. »

Quant à l’avocate de Vaziva, Me Marie-Yvonne Benjamin, elle dira « comprendre la colère ou l’agacement de l’avocate qui représente le Sénat » et invitera la juge à analyser la recevabilité de la requête. « Le candidat malchanceux, c’est un mauvais perdant pour moi. Il n’a pas d’intérêt à agir car il a terminé troisième » de l’appel d’offres, derrière son client et le Comité de Paris. Attentive, la juge reportera la clôture de l’instruction au vendredi 19 mai, 12 heures. Et rendra son ordonnance au début de la semaine du 22 mai. « Ne signez pas le contrat d’ici là », prévient-elle. Les terrains du Luxembourg seront donc fermés encore dix jours, au minimum.

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