Guerre en Ukraine : Roman Abramovich met à feu et à sang Chelsea !

L’analyse peut paraître primaire et dénuée de relief mais l’ambiance d’un stade illustre toujours la santé mentale et sportive d’un club. Un constat que Lionel Messi, Neymar et consorts ne pourront d’ailleurs qu’approuver en ce début de semaine. Conspuées, sifflées et insultées à l’occasion de la victoire du PSG face à Bordeaux (3-0) dans l’antre du Parc des Princes, les deux stars parisiennes ont ainsi subi de plein fouet la colère des supporters parisiens, frustrés de l’humiliation vécue en terres madrilènes. Un climat délétère également aperçu, pour de toutes autres raisons, outre-Manche. De retour à Stamford Bridge pour la première fois depuis les sanctions infligées par le gouvernement britannique, les fans de Chelsea se sont ainsi mués en chef d’orchestre d’un blues rythmant les dernières semaines à Londres, et ce, malgré une réussite sportive difficilement contestable. Vainqueurs de Newcastle (1-0) dans les ultimes secondes grâce à une nouvelle réalisation d’un Kai Havertz retrouvé, les hommes de Thomas Tuchel ont ainsi conforté leur troisième place en championnat et fait le plein de confiance avant de se déplacer à Lille, mercredi soir, pour assurer une place en quarts de finale de la Ligue des Champions (victoire 2-0 à l’aller). Un cadre sportif idyllique pourtant mélangé aux arômes chaotiques d’une institution proche du précipice…

Le Blues du businessman Abramovich fait trembler Chelsea !

Et pour cause. Sanctionné pour ses liens avec le belliciste Vladimir Poutine, Roman Abramovich, récemment démis de ses fonctions de président de Chelsea par la Premier League, plonge tout un club dans une angoisse palpable. Une inquiétude d’ailleurs largement exprimée lors de la victoire arrachée face aux Magpies, où les supporters londoniens ont ainsi arboré des maillots où le sponsor « Three », qui s’est retiré du club, était soigneusement scotché et où des pancartes décoraient les travées d’un Stamford Bridge au bord de l’implosion. Symboles de le tempête secouant actuellement Chelsea, les violents affrontements entre fans des Blues et ceux des Magpies laissant un homme dans une mare de sang près de la Britannia Gate n’ont fait que renforcer la laideur de l’atmosphère. Des affrontements mettant par ailleurs en exergue la toxicité de deux clubs, désormais sous le joug de propriétaires plus que répréhensibles. D’un côté, cet oligarque russe pointé du doigt pour une complicité gênante avec les plus hautes sphères de la Russie. De l’autre, un fonds souverain propriété de l’Arabie saoudite, pays venant d’utiliser la couverture du massacre en Ukraine pour exécuter 81 personnes en une seule journée…

Un tableau loin du reluisant qui plonge donc inexorablement les Blues dans un flou absolu, et ce malgré l’allègement des sanctions (Chelsea peut désormais dépenser jusqu’à 900.000 livres sterling en frais de match, soit plus d’un million d’euros, contre 500.000 £, soit environ 600.000 €, auparavant). Qui plus est à l’heure où le club londonien – fortement fragilisé économiquement puisque sa seule source de revenus provient désormais des droits TV de la Premier League, ainsi que des primes versées par l’UEFA et la Fédération anglaise pour son parcours en Ligue des champions et en FA Cup – pourrait se retrouver dans l’impossibilité de régler ses factures. À ce titre, le Daily Mail révélait même, ce dimanche, que le club n’était pas à l’abri d’une pénalité de neuf points ! De quoi faire trembler un peu plus les dirigeants du dernier vainqueur de la LDC.

Entre heurts et soutiens…

«C’est une situation difficile. Nous avons beaucoup de questions mais pas beaucoup de réponses. Nous sommes déterminés à nous concentrer sur les choses que nous pouvons contrôler, c’est-à-dire travailler avec les gens, se soutenir mutuellement, venir à l’entraînement, se concentrer sur les matchs. Je dois admettre que nous y allons au jour le jour. (…) Nous aimerions également garder l’intégrité de la Premier League. Nous faisons partie de la Premier League, l’une des meilleures compétitions au monde. Pour nous, pouvoir continuer et terminer la saison aiderait tout le monde dans la ligue aussi. C’est quelque chose dans lequel je ne suis pas impliqué (les pourparlers avec le gouvernement, ndlr). Nous avons le conseil d’administration qui parle au gouvernement de la licence, comment nous pouvons opérer et ce que nous pouvons faire, et essayer de terminer la saison. Nous essayons de faire de notre mieux. Nous pouvons avancer au jour le jour, et j’espère que la situation sera bientôt plus claire», espérait notamment Petr Cech, conseiller technique du club et interrogé par Sky Sports juste avant d’en découdre avec Newcastle.

Un appel à l’union sacrée pour faire face à une situation cauchemardesque, qui doit cependant être tempérée par le soutien inébranlable, parfois intriguant, de nombreux fans des Blues envers Abramovich. «N’utilisez pas Chelsea pour votre politique de merde. Pour toujours Chelsea» ou encore «The Roman Empire». Voici aussi, au milieu des sifflet et des injures, des messages observés ce dimanche face à NUFC. Un tribalisme, aux allures de drogue puissante, laissant même place à des analyses parfois douteuses de certains partisans. Dans cette optique, The Telegraph relaye ainsi, ce lundi, le discours d’un fan, reconnaissant volontiers qu’Abramovich était un allié proche de Poutine (le président ordonnant des frappes de missiles sur les maternités de Marioupol) mais qu’il devrait être épargné de toute punition parce qu’«il est une légende à Chelsea depuis 19 ans»… Une chose est sûre, Roman Abramovich laisse aujourd’hui toute une ville dans une anxiété certaine. Celle d’un club fragilisé financièrement, menacé sportivement, marqué psychologiquement et désormais discuté éthiquement.

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