Gilles Simon : « Si je pouvais jouer normalement, je jouerais encore vingt ans de plus »

« Comment vous êtes-vous senti pour votre dernière apparition en tant que joueur professionnel ?
Pendant le match, c’était difficile, parce que j’étais vidé et que mon corps ne répondait pas. J’essayais de pousser mais j’ai senti très tôt que ce serait dur. Je m’y attendais. J’ai essayé de jouer un peu différemment au deuxième set, de marquer autant de jeux que possible, de faire en sorte que le public puisse apprécier un peu plus cette dernière fois, mais j’étais trop loin.

Et quelques minutes après, vous vous sentez comment ?
Vide, toujours (sourire), et blessé à la jambe gauche, mais maintenant je m’en fiche car je n’en ai plus besoin. Je suis très fatigué et je pense que ça aide aussi à rester calme et relax, parce que je sens quand même beaucoup d’émotions se bousculer et que je suis trop fatigué pour y faire face (sourire).

Au final, vous n’avez pas semblé totalement débordé par l’émotion, justement.
J’étais plus serein que ce que je pensais, on va dire, mais la fatigue a aidé. Je suis serein parce que j’étais sûr de ma décision. Et chaque match de cette semaine m’a rappelé pourquoi j’en étais sûr. Le stress des matches, les douleurs d’après-match, et ensuite quand ça s’enchaîne. Ça devenait difficile à supporter. Je ne regrette pas. En deux matches, je sors complètement vidé. Une partie de moi est soulagée que ça s’arrête, mais il y a énormément de choses que j’ai adorées.

Le tennis a toujours été ma passion, j’ai toujours voulu être joueur, c’est pour ça que je dis que j’ai été chanceux, et chanceux de jouer longtemps, j’insiste. Mais ce n’est pas comme si tout n’était que du bonheur, de huit heures du matin au coucher. Certaines des choses qui vont s’arrêter ne vont pas me manquer. Le poulet – riz blanc d’avant match ne va pas me manquer, les aéroports ne vont pas me manquer, j’ai une liste comme ça…

« Il y a effectivement l’envie de transmettre »

Gilles Simon

Et à l’inverse, qu’est-ce qui va vous manquer ?
Jouer au tennis, tout simplement. Je jouais tout le temps, j’adore ça, si j’arrête c’est que je ne suis plus capable de le faire et que ça fait trop mal. Peu importe ce que je ferai après, dans ma tête, je serai joueur de tennis. Si j’étais en forme et que je pouvais jouer normalement, je jouerais vingt ans de plus.

Et maintenant, allez-vous vous tourner vers la transmission, comme vous en avez déjà évoqué le souhait ces dernières années ?
J’ai écrit un livre (« Ce sport qui rend fou ») qui servait à parler de ce que j’ai identifié, moi, comme un manque chez nous, dans notre vision du tennis, dans notre formation, pour gagner des grands titres. Il n’avait pas d’autre prétention que d’être écrit, et je le posais là, et après vous en faites ce que vous voulez. Je me suis inscrit à la formation du DE (Diplôme d’État) cette année. D’ailleurs lundi je suis en formation, ça va piquer ! Mais ce n’est pas pour entraîner dès l’année suivante. Ce que je veux faire, ce n’est toujours pas clair, mais il y a effectivement l’envie de transmettre.

Je n’ai pas déterminé la forme, ni quand. Parce que pour l’instant il y a un truc plus important que de transmettre et c’est ma famille. Ça passera après. Je vais d’abord rester chez moi, essayer de profiter un maximum, et j’ai le temps. Ça va se décider dans l’année ou dans les deux qui viennent. Et je me forme, en attendant. »

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