Foot – L1 – Lille – Olivier Létang : « Le LOSC aurait été en cessation de paiement début janvier »

Olivier Létang est arrivé seul à la tribune, sans Christophe Galtier, l’entraîneur du LOSC, même si les deux hommes avaient évoqué l’idée de parler à deux. Au premier rang de l’amphithéâtre, Marc Ingla, toujours administrateur du LOSC et seul rescapé du trio de décideurs qu’il formait avec Gérard Lopez et Luis Campos. Avant d’entrer dans le vif du sujet, l’ancien président du Stade Rennais, dont il est parti en février, a tenu à rendre hommage au jardinier de 38 ans, décédé dimanche soir à Lorient. « Je voulais transmettre mes pensées à sa famille et à ses proches. » Et à Gérard Houllier, dont les obsèques sont célébrées ce lundi. « J’aurais dû être à la cérémonie mais j’avais des obligations ici, a-t-il ajouté. Gérard était une personne formidable, bienveillante, avec beaucoup de chaleur. Et c’était un enfant du Nord. »

Choisi par le fonds d’investissement luxembourgeois Merlyn Partners, le nouveau président et directeur général du LOSC a ensuite présenté sa politique générale. « J’arrive dans un club où les résultats sportifs sont bons, voire très bons, puisque le club est leader de L1. La situation économique est plus compliquée et c’est pour cela qu’il y a eu ce changement. Il y a une semaine, peu d’entre vous pouvaient imaginer ce qui allait se passer, les choses se sont finalisées rapidement. Je suis un homme du football et mon projet est sportif. Il est basé sur trois piliers. Le pilier principal est d’avoir un club qui performe au niveau sportif : c’est la pile atomique. Le deuxième, c’est l’équilibre économique : le club doit développer ses revenus et maîtriser ses coûts. Le troisième est sociétal : un club fait partie d’un territoire, d’une communauté, et celle du LOSC est fantastique. C’est beaucoup de plaisir et de fierté d’être son président. Cette ville, ce club, ces infrastructures, le centre d’entraînement… Ce lieu de vie est l’un des plus beaux de France, l’effectif est de qualité, le coach est l’un des meilleurs… Tout cela réuni fait que j’ai décidé de rejoindre ce projet. »

Olivier Létang est arrivé seul en conférence de presse, ce lundi. (P. Lahalle/L’Équipe)

« Comment devient-on président du LOSC ?
Les premiers échanges ont démarré environ il y a deux mois et demi. Je choisis toujours en fonction du projet et des hommes. J’ai eu beaucoup de contacts ou d’appels avec des gens qui voulaient racheter des clubs pour faire de l’argent. Mais je me considère comme un homme du football et le plus important, c’est le sportif. Le sportif est le meilleur élément marketing. Mais s’il n’y a pas une organisation forte derrière le sportif, il est difficile d’avoir des résultats sur le long terme. C’est important de me sentir à l’aise dans l’endroit où je vais vivre et Lille est une très belle ville. Il y a un accueil chaleureux. On a envie de venir ici.

Pouvez-vous parler de la situation financière du LOSC, du montant de sa dette et éventuellement de son déficit d’exploitation ?
Je ne vais pas entrer dans les détails. Je n’ai pas envie de parler des chiffres. Sans trahir de secret, le club aurait probablement été en état de cessation de paiement début janvier, ce qui veut dire qu’il y aurait eu un problème quant à la continuité de l’activité pour les équipes du club. 1) Réduction de la dette. 2) Apport de liquidités début janvier, ce qui va nous permettre, comme on l’a dit à la DNCG (vendredi dernier), d’avoir une stabilité économique et financière sur cette deuxième partie de saison. On n’est pas du tout dans la nécessité de vendre un joueur.

« On va mettre en place une organisation qui sera probablement différente mais je compte m’appuyer sur ce qui fonctionne »

Vous vous présentez seul aujourd’hui. Cela veut-il dire qu’il y aura une concentration de la gouvernance dans les mains d’une seule personne ? Et qui reste en place ?
On a parlé hier (dimanche) avec Christophe (Galtier) de faire la conférence ensemble, mais on a des matches tous les trois jours et on a décidé qu’il se concentre sur le sportif. On veut gagner à Montpellier mercredi (21 heures, 17e journée de Ligue 1). Sur l’organisation, je ne crois pas à l’homme providentiel, on ne peut pas faire les choses seul. Des choses très bien existent au club. Je suis arrivé vendredi tard à Lille, je fais connaissance avec toutes les équipes. On va mettre en place une organisation qui sera probablement différente mais je compte m’appuyer sur ce qui fonctionne.

Le contexte actuel du football n’est pas facile. Comment avez-vous appréhendé cela avec Merlyn Partners ?
On est dans une période particulière. Tous les secteurs économiques et tous les pays sont touchés. Et, en France, on s’est rajoutés un problème supplémentaire avec les droits télé. On a un manque de lisibilité mais on l’a appréhendé dans le cadre de la reprise du club. La rencontre avec la DNCG vendredi s’est bien passée. On doit être ré-entendus le 4 janvier. On a intégré les problématiques pour notre budget. Mais on a repris ce club avec un fort sens des responsabilités.

Pensez-vous que le rachat du LOSC soit le premier d’une longue série pour le football français, compte tenu du contexte défavorable ?
Le rachat du LOSC n’est pas dû simplement au Covid et à Mediapro. La problématique était plus profonde.

« On a besoin de quelqu’un pour la liaison, qui ait la connaissance des dossiers et de l’historique. C’est pour cela qu’il (Marc Ingla) est présent au premier rang aujourd’hui »

Luis Campos était chargé du recrutement. Allez-vous continuer avec lui et avec Marc Ingla ?
Luis Campos et sa société étaient prestataires du LOSC, le contrat va se terminer. Cela veut dire la constitution d’une nouvelle équipe de recrutement. Concernant Marc, il a une connaissance de nombreux dossiers, on a considéré qu’il reste avec nous en tant qu’administrateur. On se reverra dans les semaines qui viennent. On a besoin de quelqu’un pour la liaison, qui ait la connaissance des dossiers et de l’historique. C’est pour cela qu’il est présent au premier rang aujourd’hui.

Olivier Létang : « Concernant le mercato de janvier, on n'a aucune obligation de vendre. » (P. Lahalle/L'Équipe)

Olivier Létang : « Concernant le mercato de janvier, on n’a aucune obligation de vendre. » (P. Lahalle/L’Équipe)

Faut-il s’attendre à de nombreuses ventes de joueurs l’été prochain ?
On n’est pas dans cette structure-là. Le meilleur outil marketing, c’est d’être performant sur le terrain. Concernant le mercato de janvier, on n’a aucune obligation de vendre, mais bon, vous connaissez cette activité, si une offre de 100 M€ arrive pour un joueur, qu’est-ce que vous faites ? L’objectif est de garder la meilleure équipe possible.

Le LOSC était en partenariat avec Boavista et Mouscron : qu’en est-il désormais ?
Il n’y a aucune relation juridique entre le LOSC et Boavista ou Mouscron. Il y a une convention d’un an avec Mouscron qui se termine au 30 juin 2021. Sinon, il n’y a pas de lien de filiale mère-fille entre les clubs. Si des choses sont bonnes, on va les garder, mais on a 55 contrats dont 17 sont prêtés et, pour moi, c’est trop car les joueurs, il faut bien s’en occuper. Un joueur, ce n’est pas un morceau de verre, ce n’est pas du fer, c’est de l’humain, il faut s’en occuper. Mais il est trop tôt pour en parler.

« Quand vous savez qu’il faut absolument être qualifié pour la Ligue des champions l’année suivante et qu’il faut faire absolument 100 ou 150 M€ de ventes de joueurs l’été suivant, vous êtes sous pression »

Le projet précédent était basé sur le trading. Cela veut-il dire que cela va changer et que vous envisagez de recruter par exemple un directeur sportif ?
Je suis président, pas directeur sportif. Il y a une cellule de recrutement à constituer ou à reconstituer. Sur le trading de joueurs, on veut passer d’un modèle de trading très fort à un modèle plus mesuré d’un club de football plus classique. On veut aussi avoir moins de pression… Quand vous savez qu’il faut absolument être qualifié pour la Ligue des champions l’année suivante et qu’il faut faire absolument 100 ou 150 M€ de ventes de joueurs l’été suivant, vous êtes sous pression. La situation sportive est suffisamment compliquée à gérer sans avoir une pression économique forte. On veut avoir cet équilibre qui permette au club d’être pérenne avec des objectifs sportifs forts.

Qui est Merlyn Partners ? M. Peterman, son actionnaire principal, suivra-t-il l’actualité du club ? Sera-t-il présent aux matches ?
Merlyn est un fonds qui veut garder une grande confidentialité. Je n’ai pas grand-chose à ajouter sur ce sujet-là. On a partagé la même vision des choses durant notre rencontre mais je ne dirai pas grand-chose sur Merlyn.

Et sur Peterman ?
Non plus.

Quel est le montage financier proposé par Merlyn ? Rachète-t-il la dette via Elliott ? Comment cela s’organise-t-il ?
Il y a deux niveaux. Il y a un investissement fort pour avoir une diminution très importante de la dette. Et une injection de liquidités pour éviter qu’on se retrouve dans une situation où le club n’aurait pas pu faire face à ses échéances.

Peut-on avoir des proportions ?
Non, je n’ai pas envie de parler de chiffres.

Vous avez assez peu d’envie de communiquer les choses.
J’arrive dans une situation et je prends un maximum d’informations. Je serai en capacité d’être plus loquace d’ici trois semaines ou de rentrer plus dans le détail.

Rendez-vous dans trois semaines pour un point chiffré plus précis, donc ?
Non. Sur les aspects chiffrés, je n’ai pas envie de communiquer. Des chiffres sont sortis, via la DNCG, sur un apport en liquidités à hauteur de 50 M€. Cela a déjà été communiqué et donc je peux le dire. Sur le reste, c’est plutôt de l’ordre interne.

« L’avenir de Galtier ? Son contrat va jusqu’en 2022. On va en discuter dans les semaines qui viennent. Mais la volonté, c’est que Christophe continue »

Christophe Galtier pourra-t-il rester au-delà de cette saison ?
Pour être sincère, on n’en a pas parlé ensemble. Notre relation est ancienne. On partage beaucoup de choses et je suis très heureux de l’avoir comme entraîneur. Son contrat va jusqu’en 2022. On va en discuter dans les semaines qui viennent. Mais la volonté, c’est que Christophe continue.

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Olivier Létang s’est dit « très heureux » d’avoir Christophe Galtier, ici lors de Lille – PSG (0-0) dimanche, comme entraîneur. (P. Lahalle/L’Équipe)

Allez-vous continuer de vous appuyer sur la structure Scoutly, qui s’occupait du recrutement ?
Scoutly était une structure extérieure au club, un prestataire. Le contrat s’arrête et on n’utilise plus les données de ce prestataire. On va construire une structure de scouting et de recrutement rapidement.

Le recrutement d’un directeur sportif pourrait-il intervenir dès janvier ?
Vous avez plusieurs structures possibles : certains clubs ont un directeur sportif, d’autres n’en ont pas, même les plus grands. L’idée est d’avoir la meilleure organisation possible.

Galtier peut-il prendre plus de part dans le recrutement ?
Christophe s’est déjà exprimé sur le sujet, il y a un mois. Il reste dans cette position de ne pas vouloir interagir avec les agents ou d’avoir des contacts avec eux. Par contre, mon mode de fonctionnement est d’intégrer l’entraîneur dans le recrutement. On a besoin de son avis et de son ressenti.

Le portefeuille joueurs du LOSC est important mais le marché des transferts européen n’est pas porteur : ce sera l’équation la plus compliquée à résoudre ?
On va voir comment va évoluer le marché des transferts. Le montant des transactions a chuté de 43 % l’été dernier. On a un manque de visibilité à l’étranger. C’est une interrogation de savoir s’il y aura un retour à la normale sur le marché des transferts. On a 55 pros sous contrat, cela impacte notre masse salariale et notre compte d’exploitation. Mais je préfère voir l’aspect positif des choses : on a des joueurs de qualité, des actifs, et on est très contents de les avoir. »

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