Foot – C1 – Ligue des champions : Stéphanie Frappart au sifflet pour un match masculin, une nouvelle première à son actif


2014 : première femme arbitre en Ligue 2

En mai 2014, la Fédération française (FFF) officialise la promotion en Ligue 2, pour la saison à venir, de Stéphanie Frappart (30 ans), arbitre centrale qui dirigeait depuis trois ans des rencontres de National. Trois arbitres féminins avant elle, Nelly Viennot, Corinne Lagrange et Ghislaine Perron-Labbé, avaient évolué en L1, mais en tant qu’assistantes (Sabine Bonnin, quatrième arbitre du match Angers-Tours (L2), avait remplacé l’arbitre central masculin blessé au cours de la partie en octobre 2008). Le 8 août suivant, elle devient la première femme à diriger en intégralité un match professionnel en France (Niort-Brest, 0-0, comptant pour la 2e journée de L2).

Si elle n’a pas eu à hausser le ton, l’histoire retiendra que le premier joueur averti par Stéphanie Frappart a été le Brestois Cheick Doumbia. Issue de la filière universitaire STAPS et alors directrice du pôle activité de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), elle abandonne à dix-huit ans sa carrière de footballeuse en Deuxième Division à Herblay et choisi de se consacrer à l’arbitrage. « Physiquement, elle dépassait de loin tout le monde, y compris les garçons… On sentait un vrai potentiel chez elle », dira Jean-Claude Le Page, l’un de ses premiers arbitres formateurs.

Stéphanie Frappart a commencé à arbitrer en L2 en 2014. (V. Michel/L’Équipe)

2019 : première femme arbitre en Ligue 1

Elle est plébiscitée par les joueurs de L2. En 2018, Pierre Bouby, milieu défensif d’Orléans, dira d’elle : « C’est la meilleure arbitre de Ligue 2. Elle a une petite voix (et une silhouette fluette avec son 1,64 m pour 54 kg), mais elle a du charisme, de la personnalité. Elle utilise des mots justes, elle explique, elle est diplomate et on peut discuter avec elle. Elle ne cherche pas à se mettre en avant. Son objectif, c’est vraiment le jeu. » Devenue en 2015 la première arbitre centrale française sélectionnée pour une Coupe du monde femmes (au Canada, 6 juin-5 juillet), Stéphanie Frappart devient, le 28 avril 2019, la première arbitre centrale de L1, à l’occasion du match Amiens-Strasbourg (0-0).

« Je ressens beaucoup de fierté, je me dis que j’ai réussi ce que je voulais faire, que j’avais les qualités pour arbitrer en Ligue 1, déclarera la jeune femme après la rencontre. Je réalise que ce match est entré dans l’histoire. Je sais que j’étais attendue, mais je l’ai pris comme un autre. J’ai montré aujourd’hui que j’avais les compétences et la capacité pour être là. » « La dame a fait un très bon match », confirmera Stefan Mitrovic, le capitaine alsacien, tout comme le défenseur picard Khaled Adenon pour qui « elle a bien arbitré, comme un homme. Un homme ou une femme, cela ne change rien ».

Stéphanie Frappart sanctionne le Strasbourgeois Ibrahima Sissoko d'un carton jaune lors de son premier match de L1. (E. Garnier/L'Équipe)

Stéphanie Frappart sanctionne le Strasbourgeois Ibrahima Sissoko d’un carton jaune lors de son premier match de L1. (E. Garnier/L’Équipe)

2019 : première femme arbitre en Supercoupe d’Europe

Le 14 août 2019, un mois après avoir arbitré la finale de la Coupe du monde féminine en France (États-Unis-Pays-Bas, 2-0, le 7 juillet, à Lyon), elle devient la première femme à arbitrer la Supercoupe d’Europe (Liverpool- Chelsea, 2-2, 5-4 aux t.a.b), du jamais-vu pour une rencontre masculine majeure de l’UEFA (la Suissesse Nicole Petignat avait « seulement » arbitré trois matches en tours de qualifications de la Coupe de l’UEFA, entre 2004 et 2009).

« Cela fait plusieurs années déjà que Stéphanie Frappart prouve qu’elle est l’une des meilleures femmes arbitres non seulement sur la scène européenne, mais aussi à l’échelle mondiale, dira alors Roberto Rosetti, le responsable en chef de l’arbitrage à l’UEFA. Elle est capable de diriger des rencontres de très haut niveau, comme elle l’a prouvé lors de la finale de la Coupe du monde féminine. Elle est au sommet de sa carrière arbitrale. »

Confiante, l’arbitre française confiera de son côté, à la veille de cette finale entre le vainqueur de la Ligue des champions (Liverpool) et celui de la Ligue Europa (Chelsea) : « Nous devons prouver physiquement, techniquement et tactiquement que nous sommes les mêmes que les hommes. Je n’ai pas peur de ça. Rien ne change pour moi ».

De fait, applaudie par les supporters des Reds et des Blues quand son nom a été prononcé par le speaker au Vodafone Park d’Istanbul, elle réussira à diriger avec sérénité et sans fausse note cette rencontre de haut vol. Mieux : ce jour-là, la Française parcourra 16,1 km en 120 minutes (11,9 en 90), soit la plus grande distance jamais enregistrée en Coupe d’Europe en plus de quatre cents matches analysés.

Stéphanie Frappart félicitée par Aleksander Ceferin, le président de l'UEFA, après la Supercoupe d'Europe entre Liverpool et Chelsea. (Ozan Kose/AFP)

Stéphanie Frappart félicitée par Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA, après la Supercoupe d’Europe entre Liverpool et Chelsea. (Ozan Kose/AFP)

2020 : première femme arbitre en match international masculin

Élue meilleure arbitre féminine du monde en 2019 par la Fédération internationale de l’histoire du football et de la statistique (IFFHS) à la très large majorité des suffrages, elle devient, en 2020, la première femme à diriger une rencontre internationale masculine officielle (Malte-Lettonie 1-1, le 6 septembre en Ligue des nations), avant d’arbitrer ses deux premières rencontres de Ligue Europa le 22 octobre (Leicester-Zorya Lougansk 3-0) puis le 26 novembre (Grenade-Omonia Nicosie 2-1).

Mercredi, à Turin pour le match Juventus-Dynamo Kiev (21 heures), Stéphanie Frappart deviendra donc la première femme à arbitrer un match de Ligue des champions masculin.

Et elle le fera avec fermeté, douceur et humilité : « Depuis mes années d’école, je n’ai jamais réussi à soigner ma forte timidité, mais l’arbitrage m’a permis de m’en émanciper, a-t-elle récemment confié à L’Équipe Magazine. Contrairement à ce que l’on peut imaginer, cette timidité m’a aidée à ne pas occuper trop de place sur le terrain. Elle m’a poussée à ne pas prendre le leadership sur les joueurs, qui doivent rester les stars du jeu. On peut dire que ma timidité a défini ma ligne d’arbitre, entre calme et sérénité. »

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Lors d’OL-OM, Stéphanie Frappart a notamment exclu Dimitri Payet avec l’aide du VAR. (A. Martin/L’Équipe)

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