Euro 2020 : comment Pedri est devenu le patron de l’Espagne

De la deuxième division à l’Euro. En un an, Pedri a connu une ascension pour le moins vertigineuse. Alors qu’il foulait encore les pelouses de la Segunda Division avec Las Palmas, son club formateur, l’été dernier, le voilà qu’il brille avec la Roja. Dans cette équipe d’Espagne qui manquait tant de certitudes au début de la compétition, le milieu de terrain 18 ans s’est très vite imposé comme une valeur sûre et un titulaire indéboulonnable, composant un entrejeu de qualité aux côtés de Sergio Busquets et de Koke. S’il a eu un peu de mal sur la fin de saison à Barcelone, en termes de régularité du moins, les vacances anticipées accordées par la direction blaugrana lui ont visiblement fait du bien.

Physiquement, il est au-dessus. Si certains le trouvaient justement un peu carbonisé sur la deuxième partie de saison, on voit un Pedri bien en jambes sur les pelouses européennes, avec un Luis Enrique qui ne l’a pas encore remplacé de toute la compétition. Et même si on a tendance à dissocier physique et technique, un joueur frais sera toujours plus lucide et inspiré balle au pied. Aux côtés de Koke, le Barcelonais est comme un poisson dans l’eau. Responsabilisé par Luis Enrique, mais aussi par ses partenaires qui le cherchent en priorité une fois que le ballon a quitté les pieds des défenseurs, le Canarien affiche une capacité quasi-démentielle à créer des décalages et briser des lignes, balle au pied ou via une passe.

Un apport qui s’illustre par les stats

Nul doute que si ses partenaires du secteur offensif avaient été plus en réussite devant le but, il afficherait plusieurs passes décisives au compteur. Et c’est souvent lui qu’on retrouve à l’avant dernière passe, notamment sur les buts venus de centres latéraux. Aucun autre joueur n’a d’ailleurs réalisé autant d’avant-dernières passes menant à un but que lui pendant cet Euro (4). Preuve de son influence énorme dans l’animation offensive de cette Roja qui commence vraiment à séduire les fans outre-Pyrénées ? C’est le joueur qui est impliqué sur le plus de xG (expected goals) du tournoi, avec 6,48 xG. C’est aussi le joueur qui a été à l’origine du plus d’occasions de but (12 au total).

Et au delà des statistiques, que dire de ses gestes techniques, de sa classe et de son talent dont l’ampleur ne peuvent être mesurés en chiffres. Capable de s’extirper d’un marquage serré via un dribble ou un simple contrôle orienté, ses prestations sous la tunique rouge ont en tout cas ravivé les comparaisons avec Andrés Iniesta. Sa force mentale est aussi mise en avant par les observateurs, notamment après la rencontre face à la Croatie. Après son but contre son camp – bien qu’Unai Simon soit plus coupable que lui sur le coup – il ne s’est pas laissé abattre et a réalisé une deuxième période et des prolongations de grande qualité. Pas le genre à se cacher, l’ami Pedri.

Une configuration plus propice à son explosion

Il faut dire que la configuration de la Roja lui va à merveille, mieux que celle qu’il retrouvera à Barcelone dès la reprise en août. Pas que Ronald Koeman ne le mette pas dans de bonnes dispositions, au contraire. Une bonne partie du crédit de l’explosion du Canarien est à mettre sur le compte du tacticien néerlandais. Mais le dispositif tactique de la sélection, et surtout les joueurs qu’il a à ses côtés, favorisent son style de jeu. Déjà parce qu’il a de vrais ailiers avec lesquels combiner, comme Ferran Torres avec qui il a montré une sacrée entente contre la Croatie, alors qu’à Barcelone il y a moins de monde sur les côtés et devant lui.

Puis, Luis Enrique lui confie toutes les responsabilités créatives, avec un Koke qui a un rôle plutôt similaire à celui de box to box, et des joueurs plus avancés qui ne sont pas forcément des créateurs, du moins pas dans la zone du rond central. Du côté de Barcelone, il doit partager le ballon avec Frenkie de Jong, qui a un profil avec beaucoup de points communs au sien, et que dire de Lionel Messi, qui joue certes à un poste plus avancé, mais redescend énormément chercher des ballons et reste le principal playmaker de l’équipe. C’est en sélection qu’il est le patron, pour l’instant du moins. Avec ce Pedri, bien épaulé par Busquets, Aymeric Laporte et même la surprise Pablo Sarabia, l’Espagne commence d’ailleurs à penser qu’il ne serait pas farfelu de voir les troupes de Luis Enrique aller très loin…

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