Espagne : La Masia reprend du pouvoir

Ces dernières années, un constat était évident : La Masia avait perdu de son importance à Barcelone, où les joueurs formés à la maison étaient de moins en moins utilisés. Les places en équipe premières étaient prises par de nombreux joueurs recrutés à coups de millions qui n’ont pas eu le rendement espéré, et les jeunes pousses ont dû ronger leur frein en tribunes avant de s’en aller. Avant l’explosion d’Ansu Fati, seul Sergi Roberto a réussi à avoir un rôle plus ou moins important ces dernières années, étant le seul représentant du centre de formation aux côtés de ses aînés Lionel Messi, Sergio Busquets, Gerard Piqué et Jordi Alba, tous installés depuis longtemps. Une réflexion partagée par énormément de socios, et qui a, en partie, aidé Joan Laporta à être élu à la tête de l’institution catalane, puisque le charismatique avocat catalan souhaite remettre La Masia au cœur du projet. Et qui dit joueurs issus de l’académie peu utilisés ou peu talentueux, dit forcément peu de joueurs en sélection…

Pendant l’époque glorieuse de la sélection espagnole, ils étaient nombreux à être formés au sein du prestigieux centre de formation catalan. Carles Puyol, Cesc Fabregas, Xavi, Iniesta ou Pedro (qui a terminé sa formation à La Masia bien qu’arrivé sur le tard), pour n’en citer que quelques-uns. La colonne vertébrale de la Roja était ainsi composée de nombreux produits de La Masia, bien épaulés par quelques éléments « étrangers », comme les Madrilènes Sergio Ramos ou Xabi Alonso, sans parler de David Villa ou Fernando Torres. Mais ces dernières années, outre les Espagnols cités plus haut, ou quelques autres joueurs comme Thiago Alcantara, ils étaient de plus en plus rares en sélection. Sans même parler des joueurs formés au club, il est arrivé que Villarreal ait plus de représentants en sélection que le Barça !

De plus en plus de représentants de La Masia

Lors du dernier groupe de Luis Enrique, on a cependant retrouvé bon nombre de joueurs issus du centre de formation barcelonais : Eric Garcia, Jordi Alba, Busquets, Thiago et Dani Olmo, tous ayant joué face à la Géorgie par ailleurs. Il faut également rajouter Ansu Fati, qui, sans sa blessure aurait probablement été appelé comme c’était le cas en première partie de saison, ou des joueurs comme Adama Traoré, Hector Bellerin ou Sergi Roberto qui sont toujours dans le groupe élargi et on été appelés ces derniers mois. Mais surtout, c’est chez les Espoirs, qualifiés pour les quarts de l’Euro de la catégorie avec une belle première place, que le constat est flagrant.

Au total, ils sont 8 sur 23 à avoir été formés au sein de l’académie barcelonaise. Josep Martinez (RB Leipzig), Marc Cucurella (Getafe), Jorge Cuenca (Almeria), Mateu Morey (Dortmund), Abel Ruiz (Braga), en plus de Riqui Puig et d’Oscar Mingueza, ainsi que de Juan Miranda, prêté au Betis où il s’est emparé du poste de titulaire indiscutable. Et surtout, comme dans le cas de leurs aînés, la plupart ont un rôle très important dans la sélection. Ilaix Moriba était aussi proche d’entrer dans le groupe de Luis de la Fuente.

Comment expliquer ce léger retour en force ?

Il est encore tôt pour parler de retour en force de La Masia, mais en Espagne, il est clairement souligné et mis en avant. Il y a en tout cas plusieurs explications à cette sur-représentation, toujours relative certes, des joueurs formés au Barça avec la Roja et la Rojita. Paradoxalement, la première est tout simplement la conséquence d’un point soulevé plus haut, à savoir le manque de confiance qui était accordé à ces joueurs par la direction barcelonaise. Ils ont été nombreux à s’en aller pour tenter leur chance ailleurs, après avoir constaté que les portes de l’équipe première étaient fermées. Et pour beaucoup, ça a payé. Dani Olmo étant le meilleur exemple, lui qui avait tout de même fait le pari de rejoindre le Dinamo Zagreb à l’époque ! S’ils étaient restés au Barça, rien ne dit que des joueurs comme Marc Cucurella, Mateu Morey, ou même Olmo, auraient eu autant de temps de jeu et donc autant progressé.

Autre élément important qui met en valeur la polyvalence des formateurs du Barça : la variété de profils qui émane du centre de formation barcelonais ces dernières années. S’il y a toujours eu ce cliché du joueur petit et technique, contrôlant le ballon et formé au tiki-taka, les dernières fournées de La Masia prouvent que les éducateurs catalans ont su s’adapter à ce tournant adopté à la fin des années 2010. Des joueurs comme Ansu Fati ou Marc Cucurella en sont la preuve : des jeunes avec les qualités techniques propres aux joueurs de La Masia, tout en ayant ce côté un peu plus vertical. Une façon de jouer un peu plus basée sur des qualités physiques, et une volonté de faire mal en attaquant balle au pied, plutôt que d’attaquer collectivement. Plus en accord avec le football actuel, en somme. Et que dire d’Adama Traoré ! Ils sont aussi capables de s’adapter à des contextes différents du Barça, dans des équipes au jeu radicalement opposé à celui qu’ils ont assimilé pendant leur formation. Enfin, il y a aussi la qualité de la matière première, en l’occurrence le talent des joueurs, qui varie forcément d’une génération à l’autre. Et peut-être que la génération de La Masia, qui a entre 18 et 23 ans en ce moment, est la plus talentueuse depuis longtemps.

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