Brésil-Argentine, tous les coups sont permis

Hier soir, les deux géants du football sud-américain avaient rendez-vous à São Paulo pour le choc de la sixième journée, en retard, des éliminatoires du Mondial 2022 de la zone Amérique du Sud. Un choc entre Lionel Messi et Neymar qui s’annonçait savoureux. Malheureusement, les amateurs de football ont vite été privés de spectacle. La faute à un employé de l’agence sanitaire brésilienne (Anvisa) venu sur le terrain interrompre le match et réclamer l’expulsion immédiate de quatre joueurs argentins évoluant en Premier League (Giovani Lo Celso, Emiliano Martinez, Emiliano Buendia et Cristian Romero) accusés d’avoir menti et enfreint les règles sanitaires brésiliennes.

Un événement inacceptable pour les Argentins et pour Tite (le sélectionneur brésilien) qui se demandent bien pourquoi l’Anvisa a attendu que le match ait commencé pour intervenir et pourquoi ils n’ont pas agi bien avant, alors que les joueurs de l’Abiceleste étaient au Brésil depuis plusieurs jours. Pour les Argentins, la théorie du complot n’est pas loin, surtout vis-à-vis d’un pays rival dirigé par le controversé Jair Bolsonaro. Connaîtra-t-on le fin mot de l’histoire ? Une chose est sûre, cet événement vient s’ajouter à la longue liste des anecdotes croustillantes ayant fait l’histoire de ce Clasico hors normes. Un duel qui avait récemment tourné en faveur des Argentins suite au triomphe de la bande de Messi sur le sol brésilien, en finale de la Copa América.

Infliger une humiliante défaite au rival est d’ailleurs un sentiment qu’adore savourer chaque partie. Et parfois même si les deux pays ne s’affrontent pas. Il suffit d’ailleurs d’écouter l’ancien défenseur Oscar Ruggeri à propos de l’élimination brésilienne en demi-finale du Mondial 2014 pour s’en rendre compte. « Je les voyais pleurer et pour moi, c’était une énorme satisfaction. Une joie de les voir pleurer et de les voir éliminés de la Coupe du Monde. La vérité, c’est que je n’oublierai jamais ces sensations ». L’occasion était donc toute trouvée pour vous rappeler quelques passes d’armes plus ou moins classes entre les deux géants sud-américains.

Une rivalité XXL

1928 : la date précise du match reste incertaine, mais le site Garrafootball nous apprend qu’il y a également des problèmes de racisme entre ces deux nations. En effet, alors que les Brésiliens débarquaient à Buenos Aires pour y disputer une rencontre amicale, un journal a publié un dessin où il était écrit : « Des singes à Buenos Aires », en référence à quatre joueurs noirs de l’équipe auriverde. Ces quatre éléments ont d’ailleurs refusé de prendre part au match. En réaction, la formation argentine a accepté de joueur avec quatre joueurs en moins.

Janvier 1937 : la Copa América, autrefois appelée Campeonato Sudamericano, est organisée en Argentine. Et encore une fois, les Brésiliens doivent faire face à un «traitement particulier» de la part du public argentin. Moqués, surnommés les « singes », les Auriverdes parviennent quand même à disputer le match du titre. À égalité au classement, les deux équipes doivent jouer une belle. 0-0 à la fin du temps réglementaire. Les Argentins l’emporteront 2-0, mais les Brésiliens tentèrent de quitter le terrain à cause de l’attitude du public. Outre les cris racistes, les supporters argentins allaient même jusqu’à demander aux joueurs si le téléphone (inventé en 1876 par Graham Bell) existait à Rio de Janeiro.

4 avril 1959 : finale de la Copa América au stade Monumental de Buenos Aires. À l’époque, la compétition se jouait sous la forme d’un championnat. Le dernier match opposait donc l’Albiceleste, qui comptait 10 points, aux Auriverdes, qui en avaient 9. Les Argentins ont ouvert le score juste avant la pause grâce à Pizzuti. Au retour des vestiaires, Pelé a remis les deux équipes à égalité à l’heure de jeu. Et puis ce fut le drame pour les Brésiliens. Sur un coup de pied arrêté à destination de Garrincha, ce dernier parvient à dribbler le gardien adverse, monté très haut. Mais alors qu’il avait éliminé le portier argentin et qu’il ne lui restait plus qu’à tirer pour mettre la balle dans le but vide (il se trouvait quand même au milieu du terrain), Garrincha a vu l’arbitre chilien du match donner le coup de sifflet final. L’Argentine était championne.

3 juin 1964 : avant le triomphe de la bande de Messi lors de la dernière finale de la Copa América, cette date était un événement majeur en Argentine. En effet, l’Albiceleste n’avait plus battu son voisin auriverde en compétition officielle depuis ce 3 juin 1964, soit 57 ans ou 20 885 jours. Une victoire 3-0 à l’époque qui avait également fait parler. Les acteurs de la rencontre ignoraient qu’il s’agissait là du début d’une très longue série d’invincibilité brésilienne, mais la rivalité était plus que jamais présente. Ce jour là, le double champion du monde brésilien en titre a perdu et sa star, le roi Pelé s’est tristement manifestée devant les 65 000 personnes au stade. Âgé de 22 ans, le défenseur José Agustin Mesiano était chargé de marquer Pelé. Et il s’en est longtemps souvenu. Il a en effet reçu un terrible coup de tête de la part du Brésilien. Résultat : cloison nasale fracturée et Mesiano a fini assommé.

18 juin 1978 : l’Argentine organisait son Mondial dans un contexte difficile puisque le pays est aux mains du général Jorge Videla. L’Albiceleste est mise sous pression : elle doit remporter la Coupe du Monde, peu importe la manière. Au deuxième tour, ils retrouvent le Brésil pour un match qui sera connu comme la bataille de Rosario. Une rencontre avant laquelle le bus brésilien a été caillassé en venant au stade. La suite ? Une rencontre pourrie par les coups à répétition (59 coups francs !). Pour valider son billet pour la finale, l’Argentine affronta ensuite le Pérou (6-0), un match sur lequel planent de gros soupçons.

24 juin 1990 : huitième de finale du Mondial italien au Studio delle Alpi. Jusqu’en 2005 et cette fameuse interview de Diego Maradona, la polémique était retombée. Tout est parti d’une faute commise sur l’Argentin Troglio. Celui-ci reste à terre et le staff albiceleste débarque alors sur la pelouse. À cet instant, un certain Maradona prend un des bidons d’eau apportés par son staff et le donne au Brésilien Branco. La polémique est née. L’Argentine s’imposera 1-0 et ira jusqu’en finale. Les Auriverdes, eux, accusèrent leurs rivaux d’avoir mis des somnifères dans ce fameux « bidon de Branco ». Ancien capitaine de la sélection argentine, Carlos Bilardo a, plusieurs années après, contribué à entretenir le doute. « Je ne sais pas, je ne sais pas. Mais je ne dis pas que cela ne s’est pas passé… » Branco, quant à lui, se rappelle avoir été fortement dérangé après avoir bu dans ce bidon. « L’eau avait un goût bizarre. J’ai eu des hallucinations, ma tête tournait. J’ai eu beaucoup de mal à jouer normalement par la suite. »

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