4-3-3 pointe basse, le dispositif des équipes protagonistes


Sur le plan offensif

Le 4-3-3 pointe basse est le terme qui désigne une organisation avec quatre défenseurs, un milieu jouant devant la défense, deux milieux avancés/relayeurs, deux ailiers et un attaquant central (dont la position sur le terrain peut-être plus ou moins avancée).

Dans ce dispositif, on retrouve donc deux centraux, idéalement complémentaires et bons relanceurs, deux latéraux dont le profil peut aussi être complémentaire (un latéral très offensif d’un côté, et un latéral plus conservateur du côté opposé). Plus haut, on retrouve un milieu reculé/défensif qui évolue seul devant la défense et qui a souvent pour mission d’organiser la sortie de balle en se positionnant plus bas entre les deux défenseurs centraux. Un cran au-dessus, nous avons deux milieux centraux/relayeurs capables de se projeter vers l’avant et de faire le lien entre la défense et l’attaque. Et notamment celui vers les deux ailiers, qui doivent idéalement être des colleurs de craie dont le but est d’écarter le jeu et d’attaquer la profondeur verticalement ou en diagonale.

Cette formation permet généralement un meilleur contrôle du jeu au milieu de terrain, surtout face à un 4-4-2 à plat (voir l’illustration ci-dessous), car les 3 milieux de terrain se retrouvent en plein dans le coeur du jeu contre 2 milieux centraux adverses. Le positionnement des deux milieux de terrain avancés/relayeurs dans les demi-espaces sont aussi un atout pour faire avancer le ballon et effectuer des combinaisons en triangle. C’est le dispositif idéal pour pratiquer un jeu de position.

La variante avec un faux 9

Le 4-3-3 pointe basse peut aussi s’organiser sans véritable attaquant de pointe. C’est la fameuse organisation avec un faux n°9, qui a été rendue populaire par Pep Guardiola lorsqu’il a décidé d’aligner Lionel Messi à cette position. Le rôle de cet attaquant central est similaire à celui d’un 10 dans un 4-4-2 losange puisqu’il aura une importance cruciale dans l’orientation du jeu de son équipe. Il aura cependant d’autres responsabilités comme celle d’attirer les défenseurs centraux loin de leur but, ce qui lui requiert un bon jeu de conservation dos au but, mais aussi une bonne faculté à pouvoir s’orienter en une touche de balle.

En étant l’attaquant central, le faux 9 doit aussi se montrer adroit devant le but. Pour résumer, le faux 9 doit idéalement avoir les qualités d’un 9 classique et d’un 10. Lionel Messi possède donc le profil parfait pour occuper ce poste.

Sur le plan défensif

D’un point de vue défensif, le 4-3-3 est un dispositif idéal pour presser haut l’adversaire. Le premier rideau est constitué des trois attaquants dont la mission est d’empêcher l’adversaire de jouer dans l’axe. Idéalement, les attaquants doivent orienter leur corps pour inciter l’adversaire à jouer vers un côté pour que le reste de l’équipe l’enferme sur ce même côté.

Orientation des trois attaquants pour pousser l’adversaire à jouer sur un côté, pour derrière mieux le piéger Une fois le ballon sur le côté, toute l’équipe peut s’organiser pour bloquer l’adversaire sur ce côté

Défensivement, les milieux relayeurs auront la lourde de tâche de devoir protéger à la fois les côtés mais aussi l’axe si le ballon parvient à ressortir de cette zone. Les latéraux peuvent évoluer plus haut pour soutenir les trois milieux de terrain tandis que les défenseurs centraux ont quasiment pour obligation de bien gérer la profondeur dans leur dos et donc de courir aussi vite que les attaquants adverses.

Dans ce dispositif, les milieux relayeurs ont aussi pour mission d’aider sur les côtés si besoin. Ce qui demande un gros volume physique et une bonne intelligence tactique

D’un point de vue structurelle, il est plus risquée de défendre en 4-3-3 en bloc médian ou bas vu que la ligne de 3 du milieu de terrain ne permet pas de bien couvrir toute la largeur du terrain et qu’il serait facile pour l’adversaire de créer des décalages.

En bloc médian ou bas, le 4-3-3 a peu d’intérêt car il ne permet pas de bien couvrir toute la largeur au milieu de terrain

C’est pourquoi, la majorité des équipes évoluant en 4-3-3 se transforment en 4-1-4-1 ou en 4-5-1 lorsqu’elles se replient bas sur le terrain ou en bloc médian.

Les points forts de ce dispositif

Comme indiqué plus haut, le 4-3-3 pointe basse est le système idéal pour pratiquer un jeu de position dont le but est de progresser sur le terrain de manière à arriver dans les 30 derniers mètres adverses dans des conditions favorables (arriver lancé, idéalement en supériorité numérique, positionnelle et qualitative).

Un système idéal pour créer des combinaisons en triangle

Avec les joueurs adéquats, ce dispositif permet d’avoir une grande maîtrise du ballon tout en permettant aux ailiers d’attaquer dans des conditions idéales et donc d’exprimer pleinement leur qualité. Les faux-pieds (droitier jouant à gauche et gauchers jouant à droite) se régalent généralement dans ce dispositif, qui leur permet d’avoir plusieurs positions de tirs et donc d’inscrire beaucoup de buts.

Avec l’ajout du milieu reculé au milieu des défenseurs centraux, l’équipe peut sortie le ballon en supériorité numérique face à 4-4-2 à plat

Les milieux relayeurs peuvent aussi être des armes fatales dans ce dispositif puisqu’ils participent activement à la construction du jeu et à la progression du ballon sur le terrain mais ils ont également beaucoup d’opportunités de se projeter dans la surface de réparation, en jaillissant entre les ailiers et l’attaquant central pour finir les actions et surprendre la défense.

L’arme fatale de ce dispositif, les projections des milieux relayeurs dans la surface de réparation

Le fait que ce dispositif soit facilement transformable en 4-5-1 ou 4-1-4-1 est aussi un atout sur le plan défensif pour bien contenir l’adversaire et miser sur des transitions rapides.

En 4-1-4-1 bloc bas, l’équipe peut se donner des bonnes opportunités de contre-attaquer efficacement si elle dispose d’ailiers très rapides

C’est également un système qui permet de mettre en place le concept de latéraux inversés lors des sorties de balle, avec le milieu défensif qui vient s’ajouter entre les deux défenseurs centraux qui vont s’écarter tandis que les latéraux vont rentrer vers l’intérieur pour occuper les demi-espaces.

Une sortie de balle en 3-2-2-3 avec des latéraux qui vont jouer à l’intérieur et qui va permettre aux ailiers d’être positionnés haut pour faire reculer la défense adverse.

Les failles de ce dispositif

Pour que ce système fonctionne, il faut des joueurs polyvalents, très sûrs techniquement et très bons dans la lecture du jeu et la prise d’informations. Il faut idéalement des défenseurs rapides et des ailiers très forts en percussion mais également dans le jeu sans ballon avec des appels intelligents dans la profondeur. C’est donc un dispositif qui laisse peu de place aux erreurs techniques puisqu’elles peuvent rapidement être sanctionnées par l’adversaire.

Les transitions peuvent aussi être très difficiles à gérer avec généralement beaucoup d’espace derrière le dos des défenseurs à la perte de balle. Cela demande des qualités athlétiques particulières pour les 4 défenseurs (courir vite et pouvoir répéter les courses dans la durée).

En défendant dans un 4-3-3 bloc haut, les défenseurs centraux doivent couvrir plus de terrain dans leur dos et donc d’être aussi rapides que les attaquants adverses. Un gardien de but attentif peut aussi contribuer à gérer cette profondeur

Sans un attaquant central polyvalent, étant capable à la fois d’aider les milieux de terrain mais également d’être un finisseur hors pair, ce système peut s’avérer frustrant car efficace pour sortir proprement le ballon mais pas pour se créer des occasions et surtout les convertir.

Les exemples parfaits

Le 4-3-3 avec un faux-neuf : le FC Barcelone 2010-2011

Entraîné par Pep Guardiola, le Barça de la saison 2010/2011 a enthousiasmé les amateurs de football. Organisés en 4-3-3 avec le faux neuf ultime, Lionel Messi, les Blaugranas ont réalisé une saison de haut vol avec un triplé Ligue des champions, Liga et Supercoupe d’Espagne. C’est surtout par la qualité de leur jeu que les Catalans ont marqué les esprits avec deux masterclass contre le Real Madrid (5-0) en championnat et contre Manchester United en finale de Ligue des champions.

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Durant cette saison, le jeu de position des Barcelonais fut à son apogée avec des sorties de balle courtes parfaitement élaborées et exécutés, et un trio du milieu de terrain Busquets-Iniesta-Xavi qui se trouvait les yeux fermés. Avec un Dani Alves très offensif, l’équipe penchait à droite, tandis qu’Abidal compensait du côté opposé en se plaçant au niveau de Piqué et Puyol. Grâce à leur projection dans la surface, les milieux relayeurs les plus utilisés cette saison-là ont inscrit 20 buts (9 pour Iniesta, 6 pour Seydou Keita, 5 pour Xavi).

Dans sa position d’électron libre, Messi a rayonné et effectué une saison exceptionnelle avec 53 buts et 24 décisives. À ses côtés, David Villa, repositionné sur le flanc gauche en faux-pied, a aussi réalisé une grande saison en inscrivant 18 buts avec 11 passes décisives, comme Pedro avec 22 buts et 13 passes décisives. C’est la complémentarité entre les différents profils qui ont rendu ce Barça quasiment invincible mais aussi sa faculté à pouvoir presser haut ses adversaires et à vite récupérer le ballon.

Le 4-3-3 pointe basse « classique » : Le FC Liverpool 2019

Dans un autre style, le 4-3-3 pointe basse de Liverpool au cours de l’année 2019 a aussi marqué les esprits et peut faire figure de référence. Dans une Premier League plus physique que la Liga, Liverpool a impressionné par sa dimension athlétique, qui s’illustrait par sa faculté à presser et contre-presser efficacement l’adversaire, mais aussi à se projeter très rapidement dans le camp adverse et à pouvoir jouer dans plusieurs registres.

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Avec Van Dijk et Matip en défense centrale, Liverpool possédait deux joueurs adroits dans le jeu court mais aussi dominants sur le plan strictement défensif et athlétique. Les deux latéraux ultra offensifs, Robertson et Alexander-Arnold, ont souvent fait figure de meneurs de jeu ou dynamiteurs offensifs depuis les flancs tandis que les milieux polyvalents s’occupaient principalement d’équilibrer l’équipe même si les projections de Wijnaldum ont été cruciales sur certains matchs comme lors de la demi-finale retour de C1 contre le Barça.

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Devant, on retrouvait un trio très complémentaire avec un Firmino, qui est aussi l’illustration d’un très bon faux neuf capable de mener le jeu, bien conserver le ballon dos au but mais aussi de finir les actions, et deux ailiers faux-pieds complets capables de bien prendre la profondeur et très adroits devant le but.

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