Adrina Mannarino, vainqueur de John Isner au premier tour de l’Open d’Australie : « Aucun plaisir »
« Ce n’est jamais facile d’affronter John Isner…
Non, c’est chiant. Je ne sais jamais contre qui je joue, j’ai donc appris un quart d’heure avant le match que je jouais contre lui. À la rigueur, je n’ai pas eu trop le temps de ruminer là-dessus. Heureusement que je ne regarde pas les tableaux parce que si j’avais su jeudi que je jouais contre lui, j’aurais fait cinq jours d’entraînement de merde, à me plaindre, que ça allait être un match chiant. Parfois ça a des bons côtés de faire ça.
Victoire ou défaite, ce sont des matches où on ne prend aucun plaisir. Il n’y a pas d’échange, pas de tactique. Hier (mardi) je suis sorti du terrain au bout d’un set et demi et je n’avais pas encore transpiré. C’est pas agréable. Alors que parfois tu joues des adversaires contre qui, même dans la défaite, tu t’amuses sur le court et t’as l’impression de jouer au tennis. Là c’est pas marrant mais bon, c’est comme ça…
Une fois sur le court, il faut faire preuve de patience avant tout ?
Ouais, il faut être résiliant. En plus, moi, je n’ai pas une énorme envergure. Contre ce genre de joueurs qui trouvent des bonnes zones, qui ont beaucoup d’angles, je sais que je vais prendre pas mal d’aces et qu’il y aura très peu d’occasions et que ces occasions, il faudra réussir à les saisir. Je ne suis pas non plus le meilleur serveur, donc il y a tout le temps de la pression sur mes jeux de service. C’est beaucoup de stress sur le terrain. Du coup, quand tu t’en sors c’est vachement satisfaisant.
Il y a eu un peu de soulagement quand il s’est fait soigner le dos et que le match a basculé par la suite de votre côté ?
Je l’ai vu jouer la semaine dernière à Auckland. C’est vrai qu’il commence à faire son âge, ce n’est pas facile d’avoir un physique un peu lourd, une grande carcasse et de continuer à jouer à ce niveau-là, d’envoyer des services à 200 km/h. Ce n’est pas évident de tenir sur la durée. J’espérais vraiment le jouer en plein cagnard pour le pousser dans ses retranchements physiques, mais on a joué le soir, il faisait froid, il a fallu faire avec. J’avais vraiment envie de gagner un des deux premiers sets pour que le match devienne un peu plus éprouvant pour lui. Quand j’ai vu qu’il baissait d’un ton au niveau du service, ça m’a fait du bien même si ce n’est jamais facile à gérer. Sur un match en cinq sets, je savais que s’il devait encore gagner deux sets en servant à 70 ou 80 % ça allait être dur pour lui.
Après un match pareil, savez-vous où en est votre niveau de jeu ?
Non, pas trop. En début d’année, c’est toujours compliqué. Je me sentais bien à l’entraînement mais les résultats n’ont pas été terribles sur les deux premières semaines (1 victoire, 2 défaites). C’est toujours délicat. Parfois, tu ne te sens pas très bien mais tu t’en sors sur un ou deux matches et ça te donne beaucoup de confiance. Parfois t’as l’impression de bien jouer et ça ne tourne pas en ta faveur et tu te dis que t’es complètement à côté de la plaque. Tant que tu ne gagnes pas de match et que tu n’arrives pas à avoir de certitudes, c’est difficile, encore plus contre un joueur comme ça où ce sont des matches un peu chaotiques. C’est bien de le gagner et on verra ce que ça donne par la suite. »